Citations par auteur

Christian Bourion


" Le bore-out syndrom désigne un ensemble de souffrances détruisant la personnalité des salariés inactifs. D'une part, le salarié bénéficie d’un contrat de travail et d’un salaire. D'autre part, ses quelques tâches sont très peu nombreuses ou inintéressantes au possible. Le bore-out est imputable au décalage entre le temps de présence au travail et les volumes d’activités quotidiennes déclarées qui semblent inférieurs à deux heures. " 

" A part dans la situation particulière dite de " mise au placard " destinée à punir un salarié, le bore-out syndrom résulte d’un processus non-intentionnel, imputable au fait qu’à cause d’améliorations technologiques, de réorganisations ou de la baisse d’activité, certains postes de travail se sont vidés peu à peu de leur contenu, pour se remplir d’inactivité de façon insensée. Le cerveau du salarié qui occupe le poste doit absorber cette inactivité, ce vide, ce qui provoque une grande souffrance. Car il n’y a pas de syndrome plus déstructurant de la personnalité sociale que le bore-out. " 

" Auparavant, la famille et la protection du bien familial accumulé par les générations précédentes constituaient le principal miroir dans lequel on pouvait s’évaluer, se jauger. Aujourd'hui, ça n’est plus le cas. Le travail est ce fameux miroir dans lequel on s’évalue, on se jauge, on fabrique sa personnalité, son image de soi. Dans ce nouveau contexte, avoir un travail et un salaire alors qu’on ne fait rien devient une source de mépris de soi. "

" Les personnes touchées par le burn-out s’enferment dans un travail incessant, celles confrontées au bore-out s’enferment dans l’ennui. Le burn-out est considéré comme le produit d’un excès de travail, comme le stakhanovisme, extrêmement valorisé dans la société française. Le bore-out est vu comme le produit d’un excès de fainéantise, très dévalorisé dans notre société, construite sur la valeur travail. "

" Malheureusement, dans le cas du bore-out, non seulement la prise en charge ne sert à rien mais elle aggrave la situation. Certes, on améliore la situation d’un salarié qui souffre d’un trop de travail épidémique en lui ordonnant un arrêt de travail. Mais pour la personne qui souffre de n’avoir rien à faire, l’arrêt maladie conforte un cercle vicieux et accentue le problème, en dépossédant le salarié du peu d’activité qui lui restait : l’activité de transport, l’aller-retour maison-travail. L’arrêt aboutit à ce que le salarié doive absorber une dose d’inactivité encore supérieure à la dose qui l’a rendu malade. Bref, dans le cas très particulier du bore-out, la thérapie n’est surtout pas d’arrêter d’aller au travail, mais d’y retrouver de l’activité. En d’autres termes, alors que l’action efficace sur le burn-out est la réduction d’activité, seule l’augmentation d’activité peut améliorer l’état du salarié en bore-out. "
 


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