Economie (304)

Economie du bien commun


L’auteur constate que le champ de la décision publique ne cesse de se restreindre. Les appareils judiciaires et les autorités de régulation sont indépendants du pouvoir politique. Les gouvernements se montrent largement impuissants à résorber le chômage, à traiter les crises financières, à protéger l’environnement, à intégrer le marché européen, à accueillir les migrants… " Le traitement du monde comme une marchandise " suscite de plus en plus d’interrogations de la part des opinions publiques sur la préservation des " biens communs ". Ces derniers recouvrent la planète, l’eau, l’air, la biodiversité, le patrimoine, la connaissance… La notion de biens communs est toutefois subjective, car elle dépend des désirs de chacun, plutôt orientés vers le travail ou les loisirs, la consommation ou la solidarité, la laïcité ou la religion… Afin d’écarter " ce voile d’ignorance ", Jean Tirole invite chacun à appliquer une méthode initiée au XVIIIe siècle par Thomas Hobbes et John Locke, consistant à imaginer l’organisation de la société dans laquelle on aimerait vivre et la position que l’on souhaiterait y occuper. L’auteur montre que les citoyens – quels que soient leurs statuts sociaux et leurs métiers – sont soumis à un nombre croissant d’incitations émises par les diverses institutions de l’économie de marché. Ces incitations doivent être au service du bien commun grâce à un encadrement de ses usages privatifs. La science économique n’a pas pour objet de hiérarchiser les biens communs, mais plutôt de montrer les enjeux attachés à leur préservation et de construire les outils permettant de mieux les gérer. Elle est donc au service d’une gouvernance des biens communs intermédiaire entre le " tout-Etat " et le " tout-marché ". 
 
Dans la guerre entre économistes, Jean Tirole a clairement choisi son camp, s’affichant résolument libéral. Il n’en soutient pas moins le principe d’un État stratège, moderne et efficace, afin de mieux réguler la finance et de prévenir les crises économiques et sociales.
 


Source : Cercle Turgot
 

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