Emmanuel Jaffelin ose introduire la gentillesse dans les théories du management, largement inspirées des pratiques américaines. Le management par le stress, que préconisent l’approche classique et " l’entreprise méchante ", compte pour beaucoup dans la dégradation de l’atmosphère de travail des salariés, qui inhibe leur motivation et leur efficacité. Quand la pression dans l’entreprise prend le pas sur le " supplément d’âme " cher à Bergson, disparaît l’association nécessaire de la double finalité entrepreneuriale – économique et sociale. Alors que les études récentes montrent que, pour être productifs et en capacité de rendre ce qu’ils ont reçu de l’entreprise, les salariés doivent être épanouis dans leur environnement. La thèse de l’auteur apparaît dans toute sa logique ; le fait de rendre service, ce " tact moral de la gentillesse ", est une vertu qui élève. Cette gentillesse est donc une donnée objective d’un management capable de restaurer l’humanité dans l’entreprise. La gentillesse, rappelle l’auteur, n’est pas une faiblesse mais une force que le gentleman manager utilise pour grandir et permettre aux autres de grandir. Cette émergence postmoderne d’une classe de " dirigeants-chevaliers ", retrouvant par la noblesse de l’esprit et de comportement la capacité à surmonter les contradictions économiques et sociales inhérentes à l’entreprise, rejoint la place que la " gentry " (noblesse sans titre) occupe dans la société anglaise, en étant plus respectueuse des personnes et du savoir-être. " Recréer de la richesse en produisant de la noblesse et une vie heureuse en société " : tel est le défi que devra relever le gentleman manager en réconciliant, par son élégance morale, son intelligence psychologique et sa compétence professionnelle, l’entreprise et ses salariés.
Que vive la gentillesse dans un monde où l’entreprise change d’ère et les managers " d’air ". Un essai qui réconcilie l’optimisme avec le possible.
Source : Le Cercle Turgot