Deux événements ont marqué les dernières décennies : la chute du mur de Berlin en 1990 et les événements du 11 septembre 2001. Le premier a ouvert une ère de détente Est-Ouest et de relative stabilité économique (malgré l’éclatement des bulles immobilière en 1992 et Internet en 1999) ; le second a révélé trois phénomènes : l’émergence d’un conflit entre l’Occident et l’Islam ; le retour d’anciennes (ou très anciennes) puissances sur la scène internationale (la Chine, la Russie, l’Inde) ; la fin de l’ère atlantiste, marquée par la domination de l’Europe et, surtout, des Etats-Unis, sur le reste du monde. La globalisation des échanges, favorisée par les Etats et les entreprises de l’Occident, a paradoxalement entraîné un développement rapide des économies émergentes et accéléré le passage d’un monde bipolaire à un macrocosme multipolaire. Selon les économistes classiques, le commerce international doit favoriser la paix entre les nations ; il semble au contraire qu’il engendre désormais une certaine incertitude économique et une conflictualité latente entre les Etats. La globalisation financière entraînerait ainsi une " géopolitisation " des relations entre les Etats-nations. La société civile du XXIe siècle est confrontée à un double processus " d’intégration et de fragmentation ".
Laurent Cohen-Tanugi s’interroge avec rigueur et élégance sur le sens des grands changements économiques et politiques du monde contemporain.
Source : Le Cercle Turgot