Le nom de John Law restera à jamais attaché à la terrible banqueroute de mai 1720 qui ruina des milliers de personnes en raison de " l’introduction inédite et fracassante du papier-monnaie ". Après sa fulgurante ascension dans l’Ancien Régime, qui devait le porter jusqu'à la fonction de contrôleur général des Finances, sa réputation de spéculateur sans scrupule et d’aventurier mérite d’être corrigée. C’est tout le mérite de Nicolas Buat, archiviste paléographe et spécialiste de l’histoire économique et sociale de l’Ancien Régime, de montrer que Law fut avant tout un génie de la finance et un remarquable théoricien de l’économie postmercantiliste. En réalité, il fut l’un des premiers " ministres des Finances et banquiers centraux " à tenter de résorber l’immense dette publique de l’époque qui rappelle la situation contemporaine sur bien des points, notamment par l’émission de papier-monnaie se substituant à l’or. Visionnaire, Law se brûla les ailes en actionnant les leviers de la création monétaire et du soutien à l’économie, mais il proposait déjà un changement de paradigme comme le fit, en son temps, le baron de l’Aulne, Anne Robert Jacques Turgot. Law doit-il être considéré comme un précurseur, selon l’opinion de Schumpeter ?
Nos régulateurs sauront-ils tirer les leçons de cette aventure largement extraordinaire que vécut " le génial bossu ", dont le tricentenaire a eu lieu en 2015, en gérant la dette gigantesque des États sans ruiner les épargnants ? Eléments de réponse dans ce remarquable ouvrage.
Source : Le Cerle Turgot