André Orléan livre sa réflexion sur un des concepts fondateurs des sciences économiques et sociales : la " valeur " du travail et des produits. Il montre le caractère réducteur du paradigme dominant de l’économie néoclassique – toujours en vigueur – qui justifie la valeur d’usage par les seules notions d’utilité et de rareté, la valeur marchande par le jeu de la monnaie et la valeur boursière par l’exercice de conventions financières. A la notion dite " objective " de " valeur substance " qui relève de " l’économie des grandeurs ", il oppose celle de " valeur institution ", qui participe de " l’économie des relations ". Il observe que " le prix n’est pas l’expression d’une grandeur définie en amont des jeux marchands mais une création sui generis de la communauté financière en quête de liquidité ". A la suite de Max Weber, il dénie à la valeur du travail son caractère " naturel " et lui restitue sa nature " sociale ", en montrant que sa construction repose moins sur des " actions individuelles instrumentales " ou des " volontés individuelles mues par l’utilité " que sur une " production collective qui permet la vie en commun ". Cette construction est marquée par des effets de mimétisme, par l’influence de modèles (notamment idéaltypiques), par des comportements spéculatifs…
André Orléan revisite utilement certaines théories de l’économie moderne, comme celles de monnaie, de confiance, d’efficience des marchés, de liquidité et de spéculation. Il n’hésite pas à remettre en cause certains paradigmes de l’économie moderne, fondés sur la notion d’Homo economicus.
Source : Cercle Turgot