Selon les philosophes pascaliens, la question de la moralité de l’économie n’existe pas ; c’est un " désordre intellectuel ". C’est aux hommes – et à eux seuls – qu’il appartient de donner un sens moral à des activités qui ne relèvent pas de cet ordre. Les dernières " turpitudes du modèle capitaliste ", et de quelques-uns de ses " capitaines ", relancent d’autant plus la problématique que la pensée économique s’ouvre aux apports d’autres sciences : sociologie, psychiatrie, philosophie… Par la prise en compte de l’" aléa social ", les frontières de l’économie s’en trouvent repoussées. La publication de Laurence Fontaine vient donc apporter un autre éclairage sur les externalités négatives de la croissance économique. L’économie-monde est confrontée à des incertitudes majeures : l’occurrence de nouvelles crises systémiques, le vieillissement de la population mondiale, l’accroissement des inégalités entre les groupes sociaux et entre les peuples, la dégradation rapide de l’environnement… Ces " grandes peurs " des sociétés modernes ne sont pas nouvelles : " l’étude comparée du passé et du présent, dans leur distance L'économie morale : Pauvreté, crédit et confiance dans l'Europe préindustrielle - Editions Gallimard, Collection " NRF Essais ", 2008, 448 pages respective, est source d’intelligence et de garde-fou contre l’emportement des illusions ". Ces deux formes d’activités économiques (libérale et sociale), ont déjà existé : en aidant les êtres à se " désengluer de la misère ", elles se sont " parées des atours d’une économie morale parce que solidaire ". Ainsi deux cultures se sont historiquement rencontrées, respectivement féodale et capitaliste. Chacune est portée par des valeurs spécifiques. Aujourd’hui elles s’affrontent, mais également s’influencent au point de se transformer.
Laurence Fontaine se sert abondamment de l’anecdote et de l’exemple pour donner à sa narration une dimension pédagogique, ouvrant ainsi une alternative – notamment grâce au " don " et au " microcrédit " – à cette forme d’" ensauvagement " qu’est devenu le libéralisme économique.
Source : Cercle Turgot