Les auteurs se livrent à une approche pluridisciplinaire d’une trentaine de crises, observées au cours de 25 siècles sur trois continents. Les situations de crise permettent de " dévoiler " la véritable nature de la monnaie, qui repose sur le " trépied " de la dette, de la souveraineté et de la confiance. La " monnaie-dette " favorise les interdépendances et la reproduction sociales : la " dette de vie " sociale et fiscale contractée par chaque humain de sa naissance à sa mort est transmise entre générations grâce à la monnaie, qui contribue ainsi à pérenniser le groupe social. Elle exige trois formes de confiance, dans ses pratiques (confiance méthodique), dans ses garants (confiance hiérarchique) et dans des normes sociales (confiance éthique). La première forme assure sa fonctionnalité, la deuxième, sa légalité et la troisième, sa légitimité. Les auteurs sont conduits à distinguer, d’une part, trois fonctions types – unité de compte, système de monnayage (ou de règles), moyen de paiement – et, d’autre part, trois états de la monnaie – incorporés (dans les schémas mentaux), institutionnalisés (par les États) et objectivés (sur différents supports). Il existe quatre formes de crises : deux " petites crises " de légitimité de la souveraineté (comme la crise allemande sur la période 1945-1948) ou de légitimation de son exercice (la crise russe des années 1990) ; deux " grandes crises " (dites externes) de souveraineté endogène (les crises brésilienne et argentine de 1984-1993) ou exogène (la crise cubaine de 1993-2001). La monnaie peut être ainsi considérée comme " un fait mental et social, individuel et collectif, universel et spécifique, matériel (la monnaie métallique), immatériel (les monnaies fiduciaire et électronique) et idéel (la " monnaie-signe ") " ; à ce titre, elle est un " langage ", un " capital symbolique ou culturel ", un " fait social total ".
Un ouvrage incontournable pour qui souhaite mettre en perspective les dérives monétaires et comprendre en profondeur les natures profondes des crises monétaires d’hier et d'aujourd'hui.
Source : Cercle Turgot