L’auteur défend une thèse originale partagée par certains eurosceptiques. Selon lui, la création de l’euro est le fruit d’une manœuvre politique du gouvernement français au cours des années 1980, destinée à limiter l’influence du Deutsche Mark et à s’opposer à la domination de la Bundesbank sur l’économie de l’Europe occidentale. Le montage institutionnel complexe mis en place par le traité de Maastricht était destiné à doter l’Union d’une monnaie unique tout en préservant la souveraineté de ses membres. Il aura en fait provoqué un " désastre économique ", en contribuant à " confisquer " la souveraineté des Etats aux économies les plus fragiles. Les Allemands ont adhéré au système car il favorise leurs exportations, dans la mesure où l’euro s’avère être une monnaie moins forte que n’aurait été le Deutsche Mark. Après les aménagements institutionnels de 2012, les gouvernements des États du Sud peuvent recourir à la Banque centrale européenne pour financer leurs déficits budgétaires, qui demeurent incontrôlables. Les plans de rigueur imposés par la nécessaire résorption de leurs dettes souveraines pèsent sur leur consommation et limitent leur possibilité de relance économique. Le système est menacé car les pays les moins compétitifs ne pourront pas financer indéfiniment leurs déficits structurels par la création monétaire de la BCE.
Philipp Bagus soutient que l’Eurosystème doit logiquement contribuer à l’émergence d’une Europe socialiste face à l’Europe libérale classique érigée par le traité de Rome. Il avance notamment l’hypothèse originale selon laquelle les ordolibéraux allemands auraient favorisé la stabilité de la monnaie unique afin de développer leurs exportations.
Source : Cercle Turgot