Les partisans du " franc fort " – précurseurs de la " pensée unique " – ont prôné une rigueur à la fois monétaire, budgétaire et salariale, afin de bénéficier de faibles taux d’intérêt sur le marché international et de rendre l’industrie française plus compétitive. Ses détracteurs, qui associaient le " franc fort " à " Francfort " (siège de la Bundesbank), le rendaient responsable du ralentissement économique, de la montée du chômage, des pressions inflationnistes et du creusement du déficit commercial qui se sont accrus au cours des années 1990. Ils rendent cette politique également responsable du krach immobilier de 1992 et des faillites bancaires (notamment du Crédit Lyonnais) des années 1980 et 1990. Le " dogme monétaire sanctuarisé " par le gouvernement était alors critiqué par les plus grands économistes mondiaux – parmi lesquels plusieurs prix Nobel – comme Solow, Friedman, Allais et Galbraith. Les auteurs montrent de manière prémonitoire – grâce à la restitution des dialogues parfois animés entre les protagonistes de la " bataille du franc " – la " difficile réconciliation de la France avec l’économie de marché ". Ils retracent les origines d’une orthodoxie monétaire qui s’est poursuivie au cours des années 2000 avec l’adoption de l’euro.
Eric Aeschiman et Pascal Riché relatent, dans un style à la fois précis et vivant, la polémique qui a opposé hommes politiques, hauts fonctionnaires, experts et journalistes, entre 1989 et 1996, sur la politique monétaire de la France. Leurs analyses préfigurent les débats qui ont animé les membres du comité de la Banque centrale européenne.
Source : Cercle Turgot