Henri Bourguinat publie son premier livre grand public, dans lequel il appelle les responsables à adapter leurs politiques à l’économie de marché. Les marchés ne sont-ils pas les successeurs de Big Brother ? Ils dictent les politiques des gouvernements et modèlent les organisations des sociétés. Le degré de liberté de la politique monétaire française, prisonnière des critères de convergence de l’Union européenne, est proche de zéro. La politique fiscale est dictée par la peur de fuite des capitaux. La politique économique est réduite à quelques mesures cosmétiques. La communication des hommes politiques est sous l’emprise de la réaction des marchés. Si ces derniers ont souvent raison, ils peuvent aussi se tromper, comme en témoigne l’éclatement en 1992 de la bulle immobilière. Si le marché tolère des régulations, elles s’avèrent incertaines et coûteuses. L’auteur préconise de trouver un nouveau mode de politique économique, qui intègre les réactions des marchés tout en maintenant un cap à long terme. La solution ne réside-t-elle pas dans une « troisième voie » – certes étroite – entre le libéralisme et l’interventionnisme ? Les économistes devraient contribuer davantage à ce débat, plutôt que de se demander qui est keynésien ou monétariste. L’auteur est convaincu qu’il subsiste encore des marges de manœuvre monétaires, fiscales, structurelles… Il s’interroge sur l’intérêt de l’adhésion de la France à l’euro, qui lui ôterait toute latitude monétaire. Si les États-Unis continuent à maintenir un dollar faible, la zone euro serait dans une situation très difficile.
Henri Bourguinat dénonce les méfaits de l’" économie virtuelle ", les " manipulateurs de symboles " occultant le travail des producteurs industriels et déconnectant la sphère virtuelle de la sphère réelle. Ses thèses rejoignent celles du pionnier Christian Walter.
Source : Le Cercle Turgot