L’auteur s’interroge sur les combinaisons possibles entre le marché et l’État, et donc, entre les différentes formes du capitalisme. Il répond à cette grande problématique du début du XXIe siècle en cernant les limites respectives de l’économie de marché et de l’économie publique. Il montre que le marché est plutôt régi par le système II (au sens de Kahneman), qui relève de la sphère calculatrice du cerveau, tandis que le système politique est plutôt dominé par le système I, qui règle les émotions et les intuitions. Les limites externes du capitalisme anglo-saxon résident dans les externalités négatives des activités productives (la dégradation de l’environnement) et financières (les effets des dernières crises). Le marché comporte également des limites internes inhérentes à la répartition de plus en plus inégalitaire des revenus, à la motivation de plus en plus difficile des salariés et à la privatisation problématique de certains biens publics. Il dresse notamment un bilan des réactions positives et négatives à la formule proposée par Piketty, selon laquelle l’écart entre le rendement net du capital productif et le taux de croissance économique ne cesse de s’accroître dans les pays occidentaux, conduisant inévitablement à plus d’inégalités et à un risque d’implosion sociale.
L’auteur dénonce l’" utopie " d’une autorégulation du système de marché et explore les différentes voies de son sauvetage. Paul de Grauwe fait preuve à la fois d’esprit de géométrie et de finesse en déclinant avec un grand sens pédagogique les multiples agencements de la rationalité individuelle et de la rationalité collective appliquées au capitalisme.
Source : Cercle Turgot