" C'est difficile de résister à l'alcool du pouvoir " (Jean- Pierre Raffarin)
L'espace politique est un lieu de passion où s'affrontent les idéologies, les intérêts, les croyances et les idéaux des uns et des autres.
Par delà les débats d'idées qui ont animés les acteurs de la dernière campagne électorale pour la présidence de la République, il n'échappe à personne l'intensité du désir de pouvoir qui transpirait derrière les comportements officiels. A cette occasion, des paradoxes particulièrement étonnants à observer ont été mis en scène.
Pour convaincre leur électorat potentiel, les acteurs vont au bout d'eux mêmes, livrant une partie de leur subjectivité profonde. Les passions qu'ils expriment ne nous sont évidemment pas étrangères. Nous avons les mêmes. La seule différence est que sous l'influence hallucinogène de "l'alcool du pouvoir", celles - ci ne sont plus dissimulées. Elles éclatent avec fracas au grand jour.
Observer est un exercice d'attention qui ne s'apparente en aucun cas à un jugement. Il ne s'agit pas de faire un quelconque procès à qui que ce soit ; d'autres s'en chargeront mais de tenter de comprendre ce qui se passe quand un sujet est aspiré par son propre désir de toute puissance. A travers cet exercice, notre propos consistera à tenter de discerner sans mépris le jeu des instances de la personnalité qui sont mobilisées dans cette aventure. Nous avons y apprendre quelque chose de nous mêmes et peut - être du management...
Nous nous appuierons sur le référentiel clinique proposé par la deuxième topique de la psychanalyse freudienne que nous avons déjà sollicitée dans un travail antérieur sur l'analyse des risques psychiques que pouvaient rencontrer certains managers souvent très médiatisés lorsqu'ils ont été confrontés à des expériences trop prolongées de réussite: Bernard Tapie Jérôme Cahuzac, Bernard Madoff, Dominique Strauss Kahn, Jean-Marie Messier, et les autres ...
On retrouvera dans ce commentaire des éléments déjà évoqués dans les articles que nous avons produits sur cette thématique. La quête du pouvoir procure des sensations fortes. Elle donne aux acteurs un sentiment de toute puissance. Cela n'est pas sans risque psychique pour le sujet qui voit généralement sa rationalité et son discernement s'affaiblir, ce qui le conduit à transgresser la loi qu'il est paradoxalement censé représenter.
L'extravagance comportementale de certains candidats au pouvoir suprême de cette dernière campagne électorale a alimenté avec force les médias . Il est temps, aujourd'hui de s'interroger sur celle - ci .
Par delà les débats d'idées qui ont animés les acteurs de la dernière campagne électorale pour la présidence de la République, il n'échappe à personne l'intensité du désir de pouvoir qui transpirait derrière les comportements officiels. A cette occasion, des paradoxes particulièrement étonnants à observer ont été mis en scène.
Pour convaincre leur électorat potentiel, les acteurs vont au bout d'eux mêmes, livrant une partie de leur subjectivité profonde. Les passions qu'ils expriment ne nous sont évidemment pas étrangères. Nous avons les mêmes. La seule différence est que sous l'influence hallucinogène de "l'alcool du pouvoir", celles - ci ne sont plus dissimulées. Elles éclatent avec fracas au grand jour.
Observer est un exercice d'attention qui ne s'apparente en aucun cas à un jugement. Il ne s'agit pas de faire un quelconque procès à qui que ce soit ; d'autres s'en chargeront mais de tenter de comprendre ce qui se passe quand un sujet est aspiré par son propre désir de toute puissance. A travers cet exercice, notre propos consistera à tenter de discerner sans mépris le jeu des instances de la personnalité qui sont mobilisées dans cette aventure. Nous avons y apprendre quelque chose de nous mêmes et peut - être du management...
Nous nous appuierons sur le référentiel clinique proposé par la deuxième topique de la psychanalyse freudienne que nous avons déjà sollicitée dans un travail antérieur sur l'analyse des risques psychiques que pouvaient rencontrer certains managers souvent très médiatisés lorsqu'ils ont été confrontés à des expériences trop prolongées de réussite: Bernard Tapie Jérôme Cahuzac, Bernard Madoff, Dominique Strauss Kahn, Jean-Marie Messier, et les autres ...
On retrouvera dans ce commentaire des éléments déjà évoqués dans les articles que nous avons produits sur cette thématique. La quête du pouvoir procure des sensations fortes. Elle donne aux acteurs un sentiment de toute puissance. Cela n'est pas sans risque psychique pour le sujet qui voit généralement sa rationalité et son discernement s'affaiblir, ce qui le conduit à transgresser la loi qu'il est paradoxalement censé représenter.
L'extravagance comportementale de certains candidats au pouvoir suprême de cette dernière campagne électorale a alimenté avec force les médias . Il est temps, aujourd'hui de s'interroger sur celle - ci .
"Qui imagine un seul instant le Général de Gaulle mis en exament !" (François Fillon)
This browser does not support the video element.
François Fillon dans la première partie de sa campagne apparaissait comme le Monsieur Propre de la politique. Les journalistes n'ont pas manqué de rappeler les nombreuses déclarations qu'il a faites à ce sujet : "Ça fait trente ans que je fais de la politique et mon nom n'a jamais été cité dans aucune affaire", "Qui imagine un seul instant le Général de Gaulle mis en examen !", "On ne peut pas diriger les français, si on n'est pas irréprochable !".
Le 24 Janvier 2017, Le Canard Enchaîné révèle une suite de "négligences" qui vont générer des doutes à l'égard de ce respectable fils de notaire si vertueux. Sans en faire la liste exhaustive, Le Monde du 31 Janvier 2017 annonce que les membres de la famille Fillon auraient reçu près de 900 000 Euros entre 1988 et 2013 pour avoir exercer différentes activités, soit comme avocats pour ses enfants ( alors qu'ils n'étaient pas diplômés), soit, pour son épouse Pénélope, comme assistant(e) parlementaire (entre 1988 - 1990, 1998- 2002,2012 - 2013) et comme Journaliste pour la Revue des deux Mondes (2012- 2013)., sans compter, pour lui - même, un prêt non déclaré de 50 000 Euros et 3 costumes d'une valeur de 10 000 Euros offerts par un ami.
Face à ses révélations qui feront scandale, une première enquête déclenchée par le Parquet National Financier a été initiée. Elle s'est conclue par une mise en examen pour "emploi fictif" élargie le 21 Mars dernier pour "escroquerie aggravé de faux et usages de faux". A ce jour, rappelons que Monsieur Fillon est présumé innocent et que la justice suit son cours. Le candidat de la droite à la présidentielle dénonce une « opération de calomnie très professionnelle, d’une extrême ampleur, sans précédent sous la Ve République"
Notre débat ne portera pas sur la culpabilité réelle ou supposée de Monsieur Fillon mais sur le changement de posture qui s'est opérée quand lui même s'est trouvé confronté à ce qu'il faut bien appeler "une mise en examen" officielle. C'est ce retournement que vous souhaitons explorer.
Le 24 Janvier 2017, Le Canard Enchaîné révèle une suite de "négligences" qui vont générer des doutes à l'égard de ce respectable fils de notaire si vertueux. Sans en faire la liste exhaustive, Le Monde du 31 Janvier 2017 annonce que les membres de la famille Fillon auraient reçu près de 900 000 Euros entre 1988 et 2013 pour avoir exercer différentes activités, soit comme avocats pour ses enfants ( alors qu'ils n'étaient pas diplômés), soit, pour son épouse Pénélope, comme assistant(e) parlementaire (entre 1988 - 1990, 1998- 2002,2012 - 2013) et comme Journaliste pour la Revue des deux Mondes (2012- 2013)., sans compter, pour lui - même, un prêt non déclaré de 50 000 Euros et 3 costumes d'une valeur de 10 000 Euros offerts par un ami.
Face à ses révélations qui feront scandale, une première enquête déclenchée par le Parquet National Financier a été initiée. Elle s'est conclue par une mise en examen pour "emploi fictif" élargie le 21 Mars dernier pour "escroquerie aggravé de faux et usages de faux". A ce jour, rappelons que Monsieur Fillon est présumé innocent et que la justice suit son cours. Le candidat de la droite à la présidentielle dénonce une « opération de calomnie très professionnelle, d’une extrême ampleur, sans précédent sous la Ve République"
Notre débat ne portera pas sur la culpabilité réelle ou supposée de Monsieur Fillon mais sur le changement de posture qui s'est opérée quand lui même s'est trouvé confronté à ce qu'il faut bien appeler "une mise en examen" officielle. C'est ce retournement que vous souhaitons explorer.
Comment expliquer un retournement de posture aussi improbable ?
Sur le plan clinique, on peut distinguer, ici, deux étapes:
- Dans le premier épisode (avant les révélations), le comportement de l'acteur est directement animé par l'instance du Surmoi. L'acteur se présente comme le garant du respect de la Loi qu'il affirme, à juste titre, comme une des conditions du respect de l'autorité en promettant s'il se trouvait lui même confronté à une mise en accusation de se retirer de la compétition. Cette posture vertueuse a été particulièrement appréciée par ses partisans.
- Dans le second épisode (après les révélations), Il semble avoir totalement oublié ses propos précédents en déclarant s'en remettre en priorité aux votes des électeurs, sautant à pieds joints sur les règles qu'il avait lui même présentées comme constitutives de l'honneur. Certains membres de son parti ne se sont d'ailleurs pas privés de lui exprimer leur désaccord allant même jusqu'à démissionner de leur fonction comme Bruno Lemaire.
Mais, dans cette deuxième partie, Monsieur Fillon s'entête, n'hésitant pas à accuser le gouvernement actuel d' avoir lancé un cabinet noir pour le faire disparaître de la compétition électorale. Contre vents et marées, ils s'obstinent....perdant ainsi peu à peu toute crédibilité d'une partie de son électorat et de ses détracteurs.
Ce revirement est particulièrement intéressant à analyser parce qu'il met en évidence la dimension "hallucinatoire" de l'Idéal du Moi. Celle - ci a été vraisemblablement particulièrement exaltée par la perspective (toute relative) d'être élu président. Il gagne les primaires contre d'anciens concurrents qui l'ont souvent dépassé. Son imaginaire prend alors le dessus, sans doute encouragé par ses partisans et les sondages qui, curieusement, ne semblent pas témoigner d'une perte de confiance aussi importante que les révélations auraient pu le laisser supposer.
La présidence lui parait, encore à ce moment à sa portée. Cette perspective s'accompagne alors certainement d'une espérance folle. Elle devient une obsession à laquelle Monsieur Fillon ne pourra pas renoncer. On peut la comprendre comme l'occasion inconsciente pour lui faire l'expérience de la toute puissance qu'il a déjà vécu dans sa passion automobile où il aime pousser les véhicules au maximum de leur possibilité. Ce gout de l'extrême l'avait précipité dans un ravin en Espagne, dès le deuxième jour de son voyage de noces, comme il le confiait dans l'émission TopGear. L'embardée lui avait valu un tassement de vertèbres et quelques jours d'hospitalisation à San Sebastian.
En réalité, Il faut voir du coté de sa biographie pour mieux comprendre le dilemme qu'il a résoudre. D'un côté, il a le besoin d'être le premier et d'un autre il a toujours été placé en situation de subordination avec Philippe Seguin, d'abord et plus tard avec Monsieur Sarkozy qui semble ne l'avoir guère épargné. La journaliste Christine Kelly qui a réalisé une biographie sur le personnage résume bien ce paradoxe : "François Fillon a toujours été chef. Chef de bande, chef d'équipe, chef de ses trois petits frères, chef quand il fait de l'alpinisme avec ses amis... Et paradoxalement, en politique il a toujours été dans l'ombre des autres".
Dans cette élection présidentielle, pour la première fois dans son parcours professionnel, il a le sentiment qu'il pourrait satisfaire son ambition secrète d'être enfin celui qu'il est vraiment c'est à dire un leader. Cette élection lui offre la possibilité de réaliser ce désir profond qui prend sa source dans une histoire personnelle familiale où il s'est trouvé confronté à un père très surmoïque devant lequel il a dû dissimuler son impérieuse vitalité. Ses nombreuses frasques d'adolescent rebelle témoigne de cette tentative d'émancipation. On peut se demander si celle - ci a finalement pu véritablement s'opérer quand on voit l' obstination extrême ont il a fait preuve pour tenter de garder, coûte que coûte, cette place impossible.
Cela se manifeste quand le Surmoi chloroformé ( et affaibli) ne peut contenir les aspirations de l'Idéal du Moi. Son succès au primaire lui a permis d' éliminer tous ses rivaux et non des moindres, en particulier Monsieur Sarkozy qui n'hésitait à le soumettre lorsqu'il était président. On comprend la jouissance que cela a pu suscitée. Par ailleurs, le regard de ses nombreux partisans alors enthousiastes associé au sentiment d'avoir la mission de représenter la cause républicaine ne sont pas étrangers à cette exaltation extrême.
Cette expérience comme celles que nous avons évoquées montre le risque pour chacun de voir le Moi totalement capté par l'Idéal du Moi. Quand cela se produit, celui -ci peut se consumer et voir ses capacités de lucidité s'altérer. Mais paradoxalement, sans l'Idéal du moi instance, aucune espérance et donc aucune espérance n'est possible, Ce qu'on peut retenir, c'est que l'un ne doit pas exclure l'autre; le problème est de veiller avec vigilance au maintien de ce fragile équilibre enantiologique.
- Dans le premier épisode (avant les révélations), le comportement de l'acteur est directement animé par l'instance du Surmoi. L'acteur se présente comme le garant du respect de la Loi qu'il affirme, à juste titre, comme une des conditions du respect de l'autorité en promettant s'il se trouvait lui même confronté à une mise en accusation de se retirer de la compétition. Cette posture vertueuse a été particulièrement appréciée par ses partisans.
- Dans le second épisode (après les révélations), Il semble avoir totalement oublié ses propos précédents en déclarant s'en remettre en priorité aux votes des électeurs, sautant à pieds joints sur les règles qu'il avait lui même présentées comme constitutives de l'honneur. Certains membres de son parti ne se sont d'ailleurs pas privés de lui exprimer leur désaccord allant même jusqu'à démissionner de leur fonction comme Bruno Lemaire.
Mais, dans cette deuxième partie, Monsieur Fillon s'entête, n'hésitant pas à accuser le gouvernement actuel d' avoir lancé un cabinet noir pour le faire disparaître de la compétition électorale. Contre vents et marées, ils s'obstinent....perdant ainsi peu à peu toute crédibilité d'une partie de son électorat et de ses détracteurs.
Ce revirement est particulièrement intéressant à analyser parce qu'il met en évidence la dimension "hallucinatoire" de l'Idéal du Moi. Celle - ci a été vraisemblablement particulièrement exaltée par la perspective (toute relative) d'être élu président. Il gagne les primaires contre d'anciens concurrents qui l'ont souvent dépassé. Son imaginaire prend alors le dessus, sans doute encouragé par ses partisans et les sondages qui, curieusement, ne semblent pas témoigner d'une perte de confiance aussi importante que les révélations auraient pu le laisser supposer.
La présidence lui parait, encore à ce moment à sa portée. Cette perspective s'accompagne alors certainement d'une espérance folle. Elle devient une obsession à laquelle Monsieur Fillon ne pourra pas renoncer. On peut la comprendre comme l'occasion inconsciente pour lui faire l'expérience de la toute puissance qu'il a déjà vécu dans sa passion automobile où il aime pousser les véhicules au maximum de leur possibilité. Ce gout de l'extrême l'avait précipité dans un ravin en Espagne, dès le deuxième jour de son voyage de noces, comme il le confiait dans l'émission TopGear. L'embardée lui avait valu un tassement de vertèbres et quelques jours d'hospitalisation à San Sebastian.
En réalité, Il faut voir du coté de sa biographie pour mieux comprendre le dilemme qu'il a résoudre. D'un côté, il a le besoin d'être le premier et d'un autre il a toujours été placé en situation de subordination avec Philippe Seguin, d'abord et plus tard avec Monsieur Sarkozy qui semble ne l'avoir guère épargné. La journaliste Christine Kelly qui a réalisé une biographie sur le personnage résume bien ce paradoxe : "François Fillon a toujours été chef. Chef de bande, chef d'équipe, chef de ses trois petits frères, chef quand il fait de l'alpinisme avec ses amis... Et paradoxalement, en politique il a toujours été dans l'ombre des autres".
Dans cette élection présidentielle, pour la première fois dans son parcours professionnel, il a le sentiment qu'il pourrait satisfaire son ambition secrète d'être enfin celui qu'il est vraiment c'est à dire un leader. Cette élection lui offre la possibilité de réaliser ce désir profond qui prend sa source dans une histoire personnelle familiale où il s'est trouvé confronté à un père très surmoïque devant lequel il a dû dissimuler son impérieuse vitalité. Ses nombreuses frasques d'adolescent rebelle témoigne de cette tentative d'émancipation. On peut se demander si celle - ci a finalement pu véritablement s'opérer quand on voit l' obstination extrême ont il a fait preuve pour tenter de garder, coûte que coûte, cette place impossible.
Cela se manifeste quand le Surmoi chloroformé ( et affaibli) ne peut contenir les aspirations de l'Idéal du Moi. Son succès au primaire lui a permis d' éliminer tous ses rivaux et non des moindres, en particulier Monsieur Sarkozy qui n'hésitait à le soumettre lorsqu'il était président. On comprend la jouissance que cela a pu suscitée. Par ailleurs, le regard de ses nombreux partisans alors enthousiastes associé au sentiment d'avoir la mission de représenter la cause républicaine ne sont pas étrangers à cette exaltation extrême.
Cette expérience comme celles que nous avons évoquées montre le risque pour chacun de voir le Moi totalement capté par l'Idéal du Moi. Quand cela se produit, celui -ci peut se consumer et voir ses capacités de lucidité s'altérer. Mais paradoxalement, sans l'Idéal du moi instance, aucune espérance et donc aucune espérance n'est possible, Ce qu'on peut retenir, c'est que l'un ne doit pas exclure l'autre; le problème est de veiller avec vigilance au maintien de ce fragile équilibre enantiologique.
A qui se fier ?
This browser does not support the video element.
Girouette : instrument mobile sur un pivot, placé au sommet d'un édifice pour indiquer la direction du vent.
This browser does not support the video element.
Au service des idéaux de la République ou opportunisme : A vous de choisir ?
This browser does not support the video element.
Etranges prophéties...
This browser does not support the video element.