Résumé :
" Quand on enferme les pauvres, quand on appauvrit les enfermés... " - Un article paru dans la revue Panoramiques, n° 45, 2000, pp. 30-35.
Prison et pauvreté font bon ménage depuis longtemps ; pas depuis toujours, mais depuis longtemps. En Europe, c’est au milieu de XIVe siècle, au moment où la peste noire faisait rage, désolant les campagnes déjà dévastées par les guerres incessantes, et poussant vers les villes nombre de déshérités, que les pauvres, mendiants et vagabonds (mot qui date de cette époque) ont cessé d’être considérés comme des personnes en qui Jésus-Christ est caché. En 1351, le roi Jean II Le Bon ordonna à tous les " oyseux " de quitter Paris, sous peine d’être enfermés " au pain et à l’eau ". Les décennies, les siècles suivants, n’ont fait que systématiser la chasse aux pauvres. Le XVIIe siècle a été dénommé le siècle " du grand enfermement ", enfermement pour l’essentiel d’indigents, mendiants et vagabonds, dans des lieux spécifiques : dépôts de mendicité, hôpital général ¼ Et aujourd’hui ? En nous en tenant à la France, que peut-on dire, aujourd’hui, des relations entre prison et pauvreté ? Cette question sera envisagée dans les trois domaines suivants : les chemins qui conduisent en prison, les modalités de détention, les sorties de prison. Il sera complété par une analyse qui recouvre l’ensemble de ces axes : la pauvreté de l’institution pénitentiaire.
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Prison et pauvreté font bon ménage depuis longtemps ; pas depuis toujours, mais depuis longtemps. En Europe, c’est au milieu de XIVe siècle, au moment où la peste noire faisait rage, désolant les campagnes déjà dévastées par les guerres incessantes, et poussant vers les villes nombre de déshérités, que les pauvres, mendiants et vagabonds (mot qui date de cette époque) ont cessé d’être considérés comme des personnes en qui Jésus-Christ est caché. En 1351, le roi Jean II Le Bon ordonna à tous les " oyseux " de quitter Paris, sous peine d’être enfermés " au pain et à l’eau ". Les décennies, les siècles suivants, n’ont fait que systématiser la chasse aux pauvres. Le XVIIe siècle a été dénommé le siècle " du grand enfermement ", enfermement pour l’essentiel d’indigents, mendiants et vagabonds, dans des lieux spécifiques : dépôts de mendicité, hôpital général ¼ Et aujourd’hui ? En nous en tenant à la France, que peut-on dire, aujourd’hui, des relations entre prison et pauvreté ? Cette question sera envisagée dans les trois domaines suivants : les chemins qui conduisent en prison, les modalités de détention, les sorties de prison. Il sera complété par une analyse qui recouvre l’ensemble de ces axes : la pauvreté de l’institution pénitentiaire.
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