Philosophie (360)

Spinoza


Résumé :

" Maintenant, je commence. Il faut partir de Descartes, et mener cette belle doctrine jusqu'à Spinoza. C'est le moyen de ne pas tomber dans la philosophie scolaire et de réveiller l'homme dans le lecteur. Pénétrez-vous donc de l'esprit des Méditations, en considérant surtout ce qui a pu effrayer Descartes lui-même, et le renvoyer aux mathématiques, cent fois plus faciles, où le courage est suffisant de même qu’à la guerre. Je vais considérer d'abord la présence de Dieu, si évidente dans les Méditations. Concevez Descartes s'enfonçant dans quelque retraite pour y être seul, et s'entretenant avec son propre esprit et retrouvant le monde entier et tout l'Être. Par ceci d'abord que Dieu, ou l'Esprit, est indivisible ; ce qui fait que, si on en découvre une partie en soi-même, nécessairement on doit l'y trouver tout ; de façon que le mouvement de prier, ou de méditer, nous retire des hommes et des choses, et nous met en possession de notre liberté qui est Dieu même. Une telle conclusion que Descartes n'a pas développée devait l'effrayer, comme tout ce qui remet à l'homme un grand pouvoir. Le poste de roi inspire naturellement beaucoup de défiance. En chacun est l'Esprit absolu, le Grand Juge, juge de toutes les valeurs, juge de l'opinion, de la majesté, juge des cérémonies. Un tel pouvoir invite énergiquement l'homme à fonder une religion : " Quoi, se dit-il, encore une ! " Cette réflexion sur soi a donné de l'humeur à Rousseau, et il n'en pouvait être autrement. Je suis persuadé que ce chapitre du Contrat Social, intitulé " Le Droit du plus fort ", n'a jamais pu être oublié de Rousseau, et qu'il ne se l'est pas pardonné. C'est tout à fait de même que la morale de Kant, qui rendait inutiles tant de raisonnements métaphysiques, a fait peur aussi à ce grand philosophe, qui a repoussé de lui cette grandeur " - Alain -

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