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Les 4 Temps du Management - Réinventer le Management
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Les 4 Temps du Management

Le Temps des Valeurs

4.37 Hommage à Octave Gélinier : Théorie de l'entreprise créatrice et de l'économie développée

Octave Gélinier est né en 1916. Il a disparu le 20 aout 2004 à l'âge de 88 ans. Pendant plus d'un demi-siècle, il a écrit plus d’une quinzaine d’ouvrages en défendant une conception de la performance fondée sur la combinaison de l’intelligence stratégique et de la motivation des hommes.

A l’heure, les managers comme les théoriciens d’aujourd’hui ne savent pas tous ce qu'ils doivent à cet homme de conviction. Pourtant, il n'existe pas un seul « concept » à la mode, du management participatif à l’éthique des affaires, des stratégies gagnantes aux organisations orientées « client », du capitalisme patrimonial au destin des nations sur lequel il n'ait réfléchi et qu'il n'ait contribué à mettre en œuvre, à travers ses écrits (plus de 15 ouvrages) comme de ses séminaires (comme l’Art de Diriger).

Libéral et humaniste, il est entré à la Cegos en 1947 avant d'en devenir le président et de consacrer sa vie au progrès des organisations. Nous lui avons emprunté un concept très structurant pour notre magazine « Les 4 Temps du Management. Il est temps de lui rendre hommage avant qu’on ne l’oublie ! A travers ce texte qui constitue la synthèse de son livre sur l’entreprise créatrice, le lecteur découvrira qu’il n’a pas vieilli.


Ce condensé en 7 parties est extrait du livre "L'entreprise créatrice" (1972)

1. Hypothèses de base
2. L" Homo economicus opulens "
3. L'entreprise concurrentielle dans une économie développée : conditions générales
4. L'entreprise concurrentielle dans une économie développée : opportunités de développement
5. Variantes concernant l'entreprise et son environnement
6. Conséquences générales pour le théorie économique de l'entreprise dans une économie développée
7. Conséquences sur la politique économique

Les chiffres notés entre parenthèses après une proposition renvoient au numéro des articles dont découle cette proposition.

1. Hypothèse de base

1.1 Les besoins de l'homme sont le moteur de l'économie
- non seulement les besoins de subsistance et d'entretien (dominants dans l'économie peu développée)
- mais de plus en plus les besoins développent (nouveauté, plaisir, connaissance, pouvoir, expression de soi, création, dépassement), dominants dans l'économie développée.

1.2 A côté des produits et procédés présents, il existe l'ensemble des produits et procédés potentiels, réalisables dans le cadre des connaissances présentement accessibles par un acte d'innovation.
- L'innovation utile est un changement structurel qui, par rapport à l'état antérieur, crée un surplus d'utilité par modifications des fonctions de coût, des fonctions d'utilité ou les deux à la fois. (L'innovation inutile est le changement structurel non créateur de surplus d'utilité).
Il en résulte une possibilité indéfinie de progrès (rentables) dans les procédés et de différenciation dans les produits, laquelle est créatrice d'utilité (donc rentable) parce qu'elle répond aux besoins de développement.
Les initiatives créatrices en matière de produits et de procédés sont au centre de la vie de l'entreprise, et insèrent l'évolution dans le système économique.

1.3 La plupart des productions industrialisées fonctionnent en fait dans des conditions de rendement croissant (fonctions de coût décroissantes avec le volume) et ceci est excellent...
Il existe fréquemment des économies d'échelle et aussi des économies d'expérience (ou d'apprentissage). Il existe aussi quelques cas de rendement décroissant (artisanat ; variations à court terme ; biens non stockables).

1.4 L'information sur les techniques et les marchés est d'accès difficile, lent et coûteux : car il s'agit de rassembler, élaborer et transmettre des connaissances existant à l'état dispersé et brut.
Qu'on le veuille ou non, le cheminement de l'information constitue un coût ; il ne sera réalisé que par intérêt. La réponse à ce besoin constitue donc un important secteur d'activité qu'on ne peut ignorer.

1.5 La préemption et l'association adéquate d'informations et connaissances utiles permet l'innovation d'où découle notamment le nouveau concept de produit : caractérisé par la naissance de produits nouveaux, le déclin de produits anciens, la courbe de vie des produits ; d'où découlent aussi les autres caractéristiques de l'évolution du système (12+14).

1.6 La protection de l'innovation par un certain verrouillage, notamment par brevets, marque, savoir-faire, permet pendant la période de déverrouillage, une différenciation durable des produits et procédés, instaure la concurrence stratégique et fonde les marges discrétionnaires (12+15)

1.7 Du fait de l'évolution, l'information est toujours incomplète, les erreurs d'appréciations sont inévitables et toute action comporte des risques.

1.8 Il existe des ratios de financement qui empêchent l'entreprise d'emprunter pour risquer : d'où la nécessité des ressources propres et de marges discrétionnaires pour pratiquer l'innovation risquée.
De même l'individu est astreint à des contraintes de bouclage budgétaire.

1.9 a) L'homme agit pour récolter des satisfactions à ses besoins.
b) L'homme préfère une satisfaction présente à une satisfaction future.
c) Le déroulement de toute action exige du temps ; ceci est particulièrement vrai des innovations et changements structurels (non-instantanéité d'où découlent les stratégies).

2. L' Homo oeconomicus opulens

2.1 L'appréciation des utilités (ou aptitude à satisfaire les besoins) est conditionnée par le fait qu'un produit répond à plusieurs besoins et qu'un besoin peut-être satisfait par plusieurs produits : l'utilité n'est pas définie pour un produit mais pour un " menu " composite (11+12).

2.2 Les besoins d'entretien, objectifs et quantifiables, (comme ceux d'un " élevage d'humains "), sont vite saturés et peu extensibles.

2.3 Les besoins de développement, subjectifs et qualitatifs, sont insatiables parce qu'indéfiniment renouvelables, ils sont le fondement de la diversification indéfinie.
Les hauts niveaux de satisfaction et les hauts revenus correspondent à une dominante de besoins de développement (11+12+19 a).

2.4 Chaque individu a un potentiel d'activités personnelles qui peuvent être orientées soit vers l'auto-consommation, soit vers la cessation de l'activité (emploi salarié).
L'activité professionnelle étant une occasion de développement, elle peut comporter une valeur de consommation liée à son utilité de réponse aux besoins de développement (11+23)
Cette valeur (concurrente de celle des produits) doit figurer dans le calcul économique.

2.5 Chaque individu est caractérisé par ses connaissances, capacités et relations professionnelles qu'il maîtrise et par celles qu'il est potentiellement capable d'acquérir (14). L'acquisition de connaissances dans le travail a pour lui une utilité (14+19 a+23+24).

2.6 Chaque individu est caractérisé aussi par son intérêt pour certains buts personnels ou généraux (11)

2.7 Chaque individu peut, outre son travail routinier, être capable d'un apport créatif de solutions utiles (14+15)
L'importance de cet apport dépend notamment de l'accumulation et de l'association des connaissances ainsi que de la correspondance entre le travail et les buts personnels (15+19 a+25+26)
L'apport créatif d'un individu enrichit simultanément cet individu et l'entreprise (15+16+25).

2.8 Chaque individu choisit ses activités et son programme de consommation en vue d'accroître le plus possible ses satisfactions et son patrimoine (11+14+18+19+24+26).

2.9 Les choix du consommateur pour les besoins de développement sont difficiles et coûteux en recherche d'information et expérimentation (14+17+19 c +23)
Les innovations marketing et dépenses de communication commerciale sont créatrices de richesses si elles rendent plus économiques les choix du consommateur.

3. L'entreprise concurrentielle dans une économie développée : conditions générales

3.1 L'entreprise est un ensemble d'individus et de moyens économiques qui restent unis par une même contrainte budgétaire et un même système de décision parce que cette union engendre un surcroît d'utilité objectif (profits, primes) ou subjectif (valeur de consommation du travail, buts communs) (18, 19, 24, 25, 26, 27).

3.2 A un instant donné, l'entreprise est caractérisée par ses hommes, avec leurs connaissances, capacités et relations professionnelles ; ses procédés et équipements avec leurs fonctions de coûts ; ses produits et marchés avec leur courbe de vie ; son actif net et son bénéfice courant, dans des conditions données de prix et de concurrence ; et par ses projets (12, 15, 16).

3.3 Chaque produit rentable est lié à une innovation et est caractérisé schématiquement par " une courbe de vie " dont les paramètres principaux sont :
C : chiffre d'affaires annuel maximum
P : profit annuel maximum
D : durée de vie rentable ou délai de déverrouillage complet
A : âge du produit à l'instant considéré
I : investissement spécifique au produit
et permettent de calculer le CA, et le profit probables inclus dans la vie du produit, compte tenu des verrouillages existants (15+16)

3.4 La même analyse peut être appliquée aux différents segments de marché à qui une innovation marketing ouvre une courbe de vie rentable (15+16+29).
- La même analyse s'applique aux différents procédés de productions employés par l'entreprise et aux équipements correspondants (13+16)

3.5 Loi de dégradation des profits
Toute entreprise concurrentielle qui n'innove pas, qui donc s'en tient à ses produits, segments de marché et procédés actuels, voit ses profits décroître, puis devenir négatifs (12+13).
Cette " dérive des profits " est calculable à partir des courbes de vie des produits et procédés.
Elle est particulièrement rapide pour les industries de transformation à rendement croissant et à renouvellement rapide des produits.

Les adaptations marginales (manipulation des prix et quantités à structures et techniques inchangées) peuvent ralentir mais non arrêter la dérive des profits : seules les innovations structurelles en sont capables (15+16+37).

3.6 Principe de la stratégie entrepreneuriale
L'entreprise concurrentielle ne peut survivre qu'en compensant la dérive des profits découlant de sources anciennes par la création de nouvelles sources de profit (produits, marchés, procédés...) qui supposent chacune
  • une opportunité validée dans l'environnement
  • l'apport d'une innovation, qui engendre un avantage économique
  • un certain verrouillage, qui évite que l'avantage soit immédiatement saisi par les concurrents
  • un investissement
et dont on peut calculer la courbe de vie probable, la rentabilité probable, etc. (12+15+16+33+34+35)

3.7 Les stratégies créatrices de nouvelles sources de profit comportent généralement des risques (17)
Elles ne peuvent être développées que par des organismes disposant de ressources propres et/ou de marges de discrétionnaires, et disposant en outre d'un système de décision avec pouvoir de prendre des risques financiers et responsabilités correspondantes (18)

3.8 Les stratégies créatrices de nouvelles sources de profit comportent généralement des changements structurels, portant soit sur les micro-structures (conceptions du produit, procédés, productivité), soit sur des macro-structures (diversification produits ou marchés, restructuration, concentration, acquisitions, internationalisation) (12, 35, 36).

3.9 La recherche du profit concurrentiel et le critère de rentabilité incitent à l'innovation et à la sélection de projets créateurs de richesses, générateurs de déséquilibre et de progrès (12).
- La réalisation du profit concurrentiel est le signe d'une bonne gestion et le moyen de nouveaux progrès : le profit est le " coût d'accès au futur " (18, 36, 37).
- Le profit concurrentiel découle d'un progrès, il n'est pris à personne, il est conquis sur le gâchis (12)
- Dans une économie concurrentielle développée, la plupart des entreprises réalisent des profits. L'absence de profits entraîne la décadence de l'économie (12, 35)

4. L'entreprise concurrentielle dans une économie développée : opportunités de développement

4.1 Une entreprise identifie une opportunité de développement comme un domaine d'action où il est possible d'apporter une innovation utile avec un verrouillage suffisant et un risque assez contrôlé pour que l'investissement soit rentable (12, 17, 36).

Les opportunités à fondement technologique sont faites surtout d'innovations dans les procédés (coût) et les produits (performances et diversification répondant aux besoins de développement) (12, 15, 17, 23, 33).

4.2 Il existe aussi des opportunités commerciales prenant appui sur une innovation marketing.
A technologie constante, une innovation marketing apporte un surplus d'utilité (création de richesses) si elle le permet :
- de servir un segment de marché avec les moyens adaptés
- d'économiser au client son coût d'étude, d'expérimentation et d'adaptation au produit (11, 14, 29, 34).

4.3 Il existe des opportunités de développement dans d'autres domaines, notamment dans celui des hommes : liées à des innovations dans les méthodes concernant la formation, la créativité, l'intégration et la motivation des hommes (avec réaction d'utilité pour l'entreprise et pour les hommes concernés) (23 à 27).

4.4 L'impact d'une innovation est égal au surplus d'utilité qu'elle engendre.
- Pour l'entreprise qui innove, cet impact est égal au profit annuel moyen engendré par l'innovation, multiplié par le délai de déverrouillage complet (12, 33).
- (Pour l'économie générale, il est égal au surplus d'utilité annuel moyen multiplié par le délai de préemption)

4.5 La production d'innovation, base de la survie et du développement de l'entreprise concurrentielle, doit être consciemment organisée autour de deux axes :
  • l'axe créatif : détection d'opportunités stratégiques, exploration, transfert de connaissances, structures créatives, motivation des hommes, formulation de projets.
  • l'axe sélectif : prévision, simulation et application du critère de rentabilité pour éliminer de façon implacable les projets non rentables ou non cohérents (12, 25, 27, 39).

4.6 Le prix de vente de l'entreprise innovatrice n'est pas déterminé : il peut être fixé par celle-ci à l'intérieur d'une plage discrétionnaire dont la dimension est celle du profit engendré par l'innovation (sur une période égale à celle du déverrouillage)
- A l'intérieur de cette plage, l'entreprise choisit entre une stratégie d'écrémage et une stratégie de pénétration (44)
- L'existence de produits de plus en plus différenciés et de marchés de plus en plus segmentés enlève au système de prix une part croissante de son déterminisme mécaniste (sauf pour les matières premières indifférenciées) (11, 12, 42)
- La concurrence, dans une société développée, pèse moins sur le prix instantané, davantage sur le service segmenté et sur la vitesse de progrès (36, 41, 42, 43).

4.7 La théorie de la croissance de la firme est aisée à formuler et chiffrer :
  • (35) il existe une dégradation des profits
  • (36) à compenser par de nouvelles sources de profit, liées à des innovations
  • (44) dont l'impact est calculable, etc.

4.8 Le management n'est pas seulement la gestion courante (adaptations marginales dictées par le marché), il se caractérise par l'aptitude à prendre l'initiative de transformations structurelles, suivant des stratégies volontaristes et créatives, bref à gérer le changement (36 à 39, 41 à 47).

4.9 L'entreprise concurrentielle est un centre de décision, d'innovation, de prise de risques et de création de richesses (17, 36 à 39, 4).
-L'entrepreneur est le médiateur entre le monde des possibles et le monde réel, il est l'accoucheur du futur (pour ce qui concerne l'économie) (12, 3, 4).

5. Variantes concernant l'entreprise et son environnement

5.1 Les entreprises dont la dérive des profits excède l'impact des innovations réalisées subissent une régression hors de la situation concurrentielle qui peut prendre les formes suivantes :
- ententes, cartels, protection douanière
- statut officiel avec verrouillage d'entrée
- nationalisation avec ou sans monopole
- assistance, subvention, aide sociale
- euthanasie ; ou faillite brutale (35, 36).

5.2 Ceci conduit à la coexistence, dans une économie développée, des types d'entreprises suivantes :
- agricole moderne (protégée et assistée)
- artisanale moderne ( non protégée, stable)
- industrielles et commerciales modernes
- industrielles et commerciales familiales
- grandes entreprises modernes concurrentielles
- grandes entreprises semi-protégées
- grandes entreprises dépendantes hors concurrence.

Les stratégies de survie et de développement sont entièrement différentes d'un type à l'autre.

5.3 A côté de la transformation des matières se développe dans chaque entreprise une économie interne de transformation des connaissances : recherche technique et commerciale, formation, recyclage, communication avec les différents publics (14, 15, 25, 27).

5.4 Simultanément se développent en marge des branches traditionnelles de nouvelles professions constituant l'économie externe de transformation des connaissances : établissements de recherche, de formation, d'assistance technique, de négociation technologique, de publicité, etc. (14, 15, 27).

5.5 Dans l'économie développée, des pressions hors marché apparaissent pour répondre à certains besoins découlant d'une grande densité industrielle (19, 23, 26). La pression des syndicats salariés exprime sur un plan de conflit social une aspiration à plus des ressources et à plus de pouvoir, et influence grandement l'ensemble des décisions économiques.

5.6 La pression des " conservationnistes " conduit à des taxes sur la production des nuisances qui réintroduisent dans le compte d'exploitation et la responsabilité des entreprises des nuisances précédemment traitées comme " déséconomies externes ".

5.7 La pression des " consuméristes ", habile à transformer les défauts en scandales, s'ajoute à la pression du marché (moins pressante pour des produits évolutifs) pour contraindre les vendeurs à une éthique de service.

5.8 La pression des pouvoirs publics s'exerce par de multiples voies réglementaires ou administratives.

6. Conséquences générales pour le théorie économique de l'entreprise dans une économie développée

6.1 En première approximation, la théorie macro-éconoique reste inchangée : la notion d'équilibre qui est un optimum s'applique assez bien :
  • au marché du travail
  • au marché des capitaux
  • à l'équilibre masse monétaire-prix
  • à l'équilibre prix intérieurs-balance des paiements-taux de change, etc. (18, contraintes de bouclage).
Seule la théorie de la croissance macro-économique est profondément transformée (66).

6.2 La théorie micro-économique, c'est-à-dire la théorie de l'entreprise, est complètement transformée, notamment sur les points suivants :
- Les rendements étant généralement croissants, la micro-économie ne connaît pas d'équilibre stable.
- L'entreprise ne subsiste qu'en créant du déséquilibre par des innovations et changements structurels
- Chaque création de progrès crée dans l'économie une " zone de turbulence " (13, 36, 38, 44, 46).

6.3 L'équilibre pour l'entreprise signifie la mort. La notion d'optimum, valable pour les ajustements marginaux, est sans objet pour les stratégies créatives, qui utilisent plutôt la sélection et la simulation (36, 45).

6.4 Dans un univers économique où émergent sans cesse ces événements improbables (et parfois mutuellement exclusifs) que sont les techniques, produits, procédés, idées et marchés nouveaux, la prévention mécaniste à long terme est impossible que dans l'univers de l'histoire ou de la politique.
- L'effort de prévision est très utile, à condition qu'on sache bien qu'il ne conduit qu'à des hypothèses plus ou moins probables.
- L'incertitude et le risque sont inévitables.
- L'erreur est inévitable (12, 14, 17).

6.5 Le management doit gérer le changement structurel : à la fois pour mettre en œuvre ses stratégies volontaristes (cf. 48), mais aussi pour adapter ses structures et techniques aux changements imprévus survenant dans l'environnement : cette flexibilité exige une interface large avec l'extérieur pour assurer une communication très riche (42).

6.6 La théorie de la croissance macro-économique repose d'une part sur des causes mécaniques bien connues (population, migrations...) ; et d'autre part sur le cumul des impacts de toutes les innovations mises en œuvre dans la nation : c'est là le terme principal d'un modèle de croissance réaliste (44).
(Notons que l'imitation d'une technique étrangère avancée est pour une économie peu développée l'équivalent d'une innovation).

6.7 Un schéma représentatif de la réalité des économies développées doit reposer sur la distinction de deux niveaux :
  • le niveau des agrégats de la macro-économie où règne le concept d'équilibre réversible et où il est raisonnable d'associer, dans une certaine mesure, l'optimum à l'équilibre (61)
  • le niveau des agents actifs (entreprises, individus) c'est-à-dire de la micro-économie, où il n'existe plus guère d'équilibre réversible, et où l'optimum est associé au déséquilibre, à des phénomènes de turbulence.

Notons que le niveau micro n'est pas déterminé par les seules contraintes macro : son initiative n'est pas un épiphénomène, c'est elle qui fait le développement (66)

La micro-économie étant seule créative, sa zone d'influence tend, dans une société développée, à empiéter sur celle de la macro-économie. (Le phénomène de stagflation marque un recul de la macro-économie.)

6.8 L'existence d'un large secteur d'économie de marché fait d'entreprises et d'hommes ayant liberté d'initiative et pouvoir d'action risquée est la condition sans laquelle ne peut exister une société pluraliste régulée par l'équilibre de pouvoirs décentralisés.

7. Conséquences sur la politique économique

7.1 Le développement économique est proportionnel à l'importance des profits concurrentiels (66). Ces profits ne sont pris à personne, ils sont conquis sur le gâchis (39) grâce à la stratégie créative de l'entreprise (36).

7.2 Il est utile de faire jouer la concurrence et l'économie de marché pour la plupart des activités, quitte à modifier au préalable les champs de forces économiques.

7.3 Des mesures de régulation et d'encadrement sont nécessaires pour certaines activités, mais ces mesures mêmes doivent être conçues pour permettre de laisser aux entreprises (publiques ou privées) l'autonomie financière contrôlée par la concurrence. La bureaucratisation des activités productrices doit être évitée.

7.4 Ouverture à la diversification et au marketing (publicité, démarchage) qui, modérés par le consumérisme, sont créateurs de richesses.

7.5 L'entreprise sert la collectivité par sa vocation innovatrice. La collectivité doit soutenir cette vocation par une orientation adéquate des crédits de recherche, par une fiscalité adaptée, par une bonne propriété industrielle et par la liberté des transferts internationaux de technologie.

7.6 Le profit concurrentiel provient d'une création de richesses utile à la collectivité; il faut éviter de trop taxer les bénéfices, ce qui équivaut à subventionner la mauvaise gestion.

7.7 L'économie n'est productive et créative que si les hommes sont motivés ; le revenu de chacun doit être proportionné à sa contribution au progrès général. Le mythe égalitaire est aussi périmé que l'économie de pénurie et que le modèle mécaniste. Il doit être relayé par un effort collectif d'assistance dynamisante à toutes les catégories d'handicapés.

7.8 Cette politique économique détermine un taux de développement élevé (exemple du Japon).

Bibliographie

Bibliographie
Fonctions et tâches de direction générale, Paris, 1963
Morale de l'entreprise et destin de la nation, Paris, Plon, 1965
Le secret des structures compétitives, Paris, Hommes et techniques, 1966
Direction participative par objectifs, Paris, 1968
L’entreprise créatrice, Paris, 1972
L’avenir des entreprises personnelles et familiales, Paris, 1974
Stratégie sociale de l’entreprise, Paris, 1976
Nouvelle direction de l’entreprise, personnaliste et compétitive, Paris, 1979
Morale de la compétitivité : leçons de Japon pour la France, Paris, 1981
Stratégie de l'entreprise et motivation des hommes, Paris, Editions d'Organisation, 1984
Le chômage guéri... si nous le voulons, Paris, Hommes et techniques, 1985
Fonctions et tâches de direction générale (réédition), Paris, Editions d'Organisation, 1991
L'éthique des affaires, Paris, Seuil, 1991
La réussite des entreprises familiales, Paris, Maxima, 1996
Les 40 idées fausses qui freinent la France, Paris, Maxima, 1998
La nouvelle économie du 21e siècle (avec Emmanuel Pateyron), Paris, Economica, 2000
Développement Durable : pour une entreprise compétitive et responsable, Paris, 2002

Sitographie:
Le site d'Octave Gélinier
Débat sur les cadres sur le site Club 44
Le profit est il moral ? sur le site Club 44
Les grandes étapes de l'histoire de la Cegos
En Téléchargement gratuit le livre d'Octave Gélinier "Morale de l'entreprise et destin de la nation"




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