Les entreprises libérées : une mythologie explosive
Le succès médiatique du mouvement des entreprises libérées ne manque pas d'étonner. Il n'interpelle pas seulement les cadres et dirigeants dont c'est devenu la conversation favorite du moment mais la société toute entière; jusqu'aux lycéens des classes terminales qui demandent à leurs enseignants de faire venir des intervenants dans leurs classes pour en savoir plus ou telle candidate à l'agrégation qui contacte son professeur pour préparer au mieux ce thème en posant l'hypothèse que celui - ci pourrait être retenu lors de l'examen.
Comment comprendre la fascination qu'exerce sur les esprits cette mythologie " en état d'explosion" (Durand; 1996) qu'est le phénomène des entreprises libérées ?
Comment comprendre la fascination qu'exerce sur les esprits cette mythologie " en état d'explosion" (Durand; 1996) qu'est le phénomène des entreprises libérées ?
Retour sur l'impensé épistémologique des sciences de gestion
Les sciences de gestion sont assez récentes. Longtemps encastrées dans l'enseignement de l'économie, c'est seulement, selon Luc Marco, en 1969 qu'apparaît le projet de leur autonomie. C'est en effet, à cette période, que le recteur Pierre Tabatoni du Centre Universitaire de Paris Dauphine propose de former des enseignants spécialisés en sciences de gestion pour répondre aux besoins de l'économie industrielle, alors en plein développement:
"On était quelques-uns à penser qu’il fallait un mode de recrutement autonome largement ouvert à des candidats d’origines disciplinaires diverses ou ayant une expérience professionnelle significative. Il n’était pas question de soumettre de tels candidats aux épreuves classiques de l’Économie ou du Droit. En revanche, on attendait d’eux qu’ils fassent des recherches approfondies sur un domaine. Pour moi, à côté des enseignants de gestion proprement dit, il fallait d’autres professeurs formés dans d’autres disciplines et, bien sûr, des experts professionnels".
Il est pas anodin de savoir que c'est à la suite d'un voyage aux Etats - Unis auprès de la Fondation Ford en 1956 que Pierre Tabatoni avec des directeurs d'IAE ont pensé ce projet. Les premiers grands théoriciens de la discipline sont en effet américains. Ils ont constitué une référence de départ. C'est sans doute ce qui explique l' influence considérable de la culture anglo - saxonne dans les différentes matières qui la constituent.
Cela a deux conséquences au moins :
- Elles sont porteuses d'une idéologie politique au service du Capital qui recherche la maximisation du profit
- Elles privilégient plus l'efficience pragmatique , c'est à dire les faits plutôt que les idées qui les fondent (Martinet, 1990, 2013)
Par ailleurs, dans leur histoire, l'institutionnalisation des sciences gestion n'a pas été facile. Martin Nikitin (2003) rappelle que l'activité commerciale n'avait pas très bonne réputation aux yeux des représentants de l'académie. Les universités, professant le plus grand mépris pour les activités mercantiles, n'étaient pas intéressées par la diffusion de ces connaissances jugées "embrouillées" et incertaines". Le refus des facultés de droit de les enseigner témoigne de ce peu de considération. Elles ont véritablement pris peur essor qu'à partir du moment où les CCI, pour répondre aux besoins de leurs adhérents, ont crée des d'institutions autonomes qui ont pris le nom d' écoles de commerce.
Cette mauvaise image fut mal vécue par les enseignants de ces disciplines. C'est pourquoi, très vite, notamment avec l'apparition, en 1920, de l'Organisation Scientifique du Travail, ils revendiquèrent le statut de "science" en tentant "d'appliquer les outils d’analyse ayant fait leurs preuves dans les sciences physiques" (Boncœur et Thouément, 1992).
Faire science permet d'obtenir la reconnaissance des les institutions dites académiques. C'est une nécessité pour exister. C'est ce qui explique que le modèle scientifique va devenir la référence à laquelle les gestionnaires vont s'identifier.
Déjà, Trois pionniers, Gerard - Joseph Christian, alors Directeur du CNAM (1819), Courcelle Seneuil (1885) et Adolphe Guibault (1877) appelaient de leurs vœux "la création d’une science de la production qu’ils n’imaginaient pas différente, dans ses méthodes, des autres sciences de l’époque et principalement de la physique". Mais c'est surtout Paul M. Mosselmans et Herbert Casson qui sont allés le plus loin dans cette orientation en publiant, pour le premier "La science des affaires" en 1919 et pour le second "Les 16 axiomes de la nouvelle science des affaires" en 1915. Casson commence son livre en exprimant clairement ses intentions scientifiques : "Au cours du livre que voici, je me propose de démontrer que les affaires procèdent d’une science".
C'est ainsi que, pour gagner en respectabilité, la rationalité scientifique va s'installer durablement dans les sciences de gestion. Cette orientation ne sera pas sans conséquences sur le facteur humain qui sera considéré comme un simple facteur de production, c'est à dire en définitive un objet.
"On était quelques-uns à penser qu’il fallait un mode de recrutement autonome largement ouvert à des candidats d’origines disciplinaires diverses ou ayant une expérience professionnelle significative. Il n’était pas question de soumettre de tels candidats aux épreuves classiques de l’Économie ou du Droit. En revanche, on attendait d’eux qu’ils fassent des recherches approfondies sur un domaine. Pour moi, à côté des enseignants de gestion proprement dit, il fallait d’autres professeurs formés dans d’autres disciplines et, bien sûr, des experts professionnels".
Il est pas anodin de savoir que c'est à la suite d'un voyage aux Etats - Unis auprès de la Fondation Ford en 1956 que Pierre Tabatoni avec des directeurs d'IAE ont pensé ce projet. Les premiers grands théoriciens de la discipline sont en effet américains. Ils ont constitué une référence de départ. C'est sans doute ce qui explique l' influence considérable de la culture anglo - saxonne dans les différentes matières qui la constituent.
Cela a deux conséquences au moins :
- Elles sont porteuses d'une idéologie politique au service du Capital qui recherche la maximisation du profit
- Elles privilégient plus l'efficience pragmatique , c'est à dire les faits plutôt que les idées qui les fondent (Martinet, 1990, 2013)
Par ailleurs, dans leur histoire, l'institutionnalisation des sciences gestion n'a pas été facile. Martin Nikitin (2003) rappelle que l'activité commerciale n'avait pas très bonne réputation aux yeux des représentants de l'académie. Les universités, professant le plus grand mépris pour les activités mercantiles, n'étaient pas intéressées par la diffusion de ces connaissances jugées "embrouillées" et incertaines". Le refus des facultés de droit de les enseigner témoigne de ce peu de considération. Elles ont véritablement pris peur essor qu'à partir du moment où les CCI, pour répondre aux besoins de leurs adhérents, ont crée des d'institutions autonomes qui ont pris le nom d' écoles de commerce.
Cette mauvaise image fut mal vécue par les enseignants de ces disciplines. C'est pourquoi, très vite, notamment avec l'apparition, en 1920, de l'Organisation Scientifique du Travail, ils revendiquèrent le statut de "science" en tentant "d'appliquer les outils d’analyse ayant fait leurs preuves dans les sciences physiques" (Boncœur et Thouément, 1992).
Faire science permet d'obtenir la reconnaissance des les institutions dites académiques. C'est une nécessité pour exister. C'est ce qui explique que le modèle scientifique va devenir la référence à laquelle les gestionnaires vont s'identifier.
Déjà, Trois pionniers, Gerard - Joseph Christian, alors Directeur du CNAM (1819), Courcelle Seneuil (1885) et Adolphe Guibault (1877) appelaient de leurs vœux "la création d’une science de la production qu’ils n’imaginaient pas différente, dans ses méthodes, des autres sciences de l’époque et principalement de la physique". Mais c'est surtout Paul M. Mosselmans et Herbert Casson qui sont allés le plus loin dans cette orientation en publiant, pour le premier "La science des affaires" en 1919 et pour le second "Les 16 axiomes de la nouvelle science des affaires" en 1915. Casson commence son livre en exprimant clairement ses intentions scientifiques : "Au cours du livre que voici, je me propose de démontrer que les affaires procèdent d’une science".
C'est ainsi que, pour gagner en respectabilité, la rationalité scientifique va s'installer durablement dans les sciences de gestion. Cette orientation ne sera pas sans conséquences sur le facteur humain qui sera considéré comme un simple facteur de production, c'est à dire en définitive un objet.
La réduction anthropologique du facteur humain dans les sciences de gestion
Dans le paradigme positiviste, les sciences de gestion conduisent à une désincarnation (Dujarier, 2015), c'est à dire à un effacement du sujet. Scott Atman (1989), qualifie cette opération de "réification". "Celle - ci conduit à considérer l'Autre comme une chose dépourvue de volonté ou comme un objet qu'il est possible d'acheter en payant un certain prix".
Dans la première hypothèse, l'Homme est considéré comme un agent passif qui subit l'Histoire tandis que dans la seconde il relève d'une utilité qui dépend d'un échange marchand. Dans les deux cas, il devient une chose. Comment s'étonner alors que toutes les enquêtes (Ex: Gallup) montre le faible engagement des acteurs envers les enjeux de l'organisation.
Ce regard "insignifiant" (Castoriadis, 1996) sur l'Autre va constituer un miroir dans lequel le sujet lui- même va se concevoir. En se mettant en conformité avec l'image renvoyée par les systèmes de gestion, les individus vont mettre à distance leur subjectivité et leur imaginaire créateur. Cette schizoïdie, plus ou moins consentie, ne sera cependant pas sans intérêt. Elle leur permettra de mieux supporter la domination puisque leur conscience sera d'une certain façon amputée (Marx, 1844).
Le concept de "réification" ou de son avatar "la chosification" nous paraît particulièrement intéressant pour qualifier l'aliénation psychosociale dans laquelle le sujet va se trouver enfermé.
Il parait cependant utile de bien distinguer la différence entre les deux termes. Le concept de chosification suggère un échange de valeurs qui n'existerait pas dans la réification. Aussi, si on peut parler de réification à propos de l'image du sujet dans une organisation, le terme de chosification paraîtrait plus opportun pour définir la relation utilitariste qui caractériserait la relation entre les salariés et leur entreprise, dans la mesure où leur force de travail serait assimilable à une simple marchandise qu'il serait possible de se procurer en payant une rémunération.
Dans ce modèle (impensé), le sujet se trouverait en définitive confronté à une double aliénation: Celle du regard gestionnaire qui le réduirait à n'être qu'un objet et celle de la conception marchande qui sur détermine sa relation à l'organisation. Ces deux formes d'aliénation constituant une véritable "cage d'acier" (Löwy, 2013) conduisant à une véritable "froideur" des rapports sociaux dans l'organisation.
Vincent Chanson, Alexis Cukier et Frédéric Monferrand (2004) nous proposent une définition qui rassemblent ces deux formes d'aliénation quand il les assimilent à un " processus par lequel différentes expériences qualitativement différenciées se retrouvent réduites à la réalité de « choses » objectivées, standardisées et quantifiées par l'abstraction de l'échange marchand."
"Ces aliénations" ne sont pas conscientes. Elles sont intériorisées dans la subjectivité des individus, opérant, à leur insu, comme un "sortilège hallucinatoire". Elles conduisent à produire "un homme sans qualité" (Musil, 1937) , "démembré de sa subjectivité"dont le peintre Adward Munch représente bien la tristesse.
La raison instrumentale conduit à une absence de considération de la personne. Elle génère des formes de socialisation où l'expression des acteurs est durablement paralysée, générant des organisations, certes, obéissantes mais atones.
Dans la première hypothèse, l'Homme est considéré comme un agent passif qui subit l'Histoire tandis que dans la seconde il relève d'une utilité qui dépend d'un échange marchand. Dans les deux cas, il devient une chose. Comment s'étonner alors que toutes les enquêtes (Ex: Gallup) montre le faible engagement des acteurs envers les enjeux de l'organisation.
Ce regard "insignifiant" (Castoriadis, 1996) sur l'Autre va constituer un miroir dans lequel le sujet lui- même va se concevoir. En se mettant en conformité avec l'image renvoyée par les systèmes de gestion, les individus vont mettre à distance leur subjectivité et leur imaginaire créateur. Cette schizoïdie, plus ou moins consentie, ne sera cependant pas sans intérêt. Elle leur permettra de mieux supporter la domination puisque leur conscience sera d'une certain façon amputée (Marx, 1844).
Le concept de "réification" ou de son avatar "la chosification" nous paraît particulièrement intéressant pour qualifier l'aliénation psychosociale dans laquelle le sujet va se trouver enfermé.
Il parait cependant utile de bien distinguer la différence entre les deux termes. Le concept de chosification suggère un échange de valeurs qui n'existerait pas dans la réification. Aussi, si on peut parler de réification à propos de l'image du sujet dans une organisation, le terme de chosification paraîtrait plus opportun pour définir la relation utilitariste qui caractériserait la relation entre les salariés et leur entreprise, dans la mesure où leur force de travail serait assimilable à une simple marchandise qu'il serait possible de se procurer en payant une rémunération.
Dans ce modèle (impensé), le sujet se trouverait en définitive confronté à une double aliénation: Celle du regard gestionnaire qui le réduirait à n'être qu'un objet et celle de la conception marchande qui sur détermine sa relation à l'organisation. Ces deux formes d'aliénation constituant une véritable "cage d'acier" (Löwy, 2013) conduisant à une véritable "froideur" des rapports sociaux dans l'organisation.
Vincent Chanson, Alexis Cukier et Frédéric Monferrand (2004) nous proposent une définition qui rassemblent ces deux formes d'aliénation quand il les assimilent à un " processus par lequel différentes expériences qualitativement différenciées se retrouvent réduites à la réalité de « choses » objectivées, standardisées et quantifiées par l'abstraction de l'échange marchand."
"Ces aliénations" ne sont pas conscientes. Elles sont intériorisées dans la subjectivité des individus, opérant, à leur insu, comme un "sortilège hallucinatoire". Elles conduisent à produire "un homme sans qualité" (Musil, 1937) , "démembré de sa subjectivité"dont le peintre Adward Munch représente bien la tristesse.
La raison instrumentale conduit à une absence de considération de la personne. Elle génère des formes de socialisation où l'expression des acteurs est durablement paralysée, générant des organisations, certes, obéissantes mais atones.
Quand la rationalité gestionnaire conduit au désenchantement du monde
La philosophie des Lumières a libéré les consciences de la superstition en invitant chaque Homme a utilisé ses capacités de raisonnement (Descartes, Kant, ). Elle leur a démontré qu'il pouvait se passer du clergé et de la noblesse (Montesquieu, Condorcet, Voltaire) en les invitant à construire un contrat social plus respectueux des libertés d'autrui (Rousseau), à tenter de rendre accessible la connaissance au plus grand nombre (Diderot, D'Alembert), à revoir leur relation à la nature (Locke), à commencer à comprendre les émotions humaines (Hobbes), à repenser la physique (Newton), enfin à faire la révolution (Robespierre, Jefferson).jusqu'à la déclaration des droits de l'Homme en 1789, etc..
Dans son célèbre essai " ce qu 'est la philosophie des Lumières"(1784), Kant explique clairement les intentions de tous les philosophes qui se réclament de cette conception: "Les Lumières c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Tel est la devise des Lumières."
Mais si les penseurs des Lumières n'excluaient pas la sensibilité, le mouvement s'est peu à peu durcit pour ne privilégier que la rationalité pure exclusive. Et si "l'Aufklärung" avait bien pour but de libérer l'Homme de la pensée magique et animiste du moyen âge, elle n'était pas sans poser problème que certains comme Voltaire avait déjà pressenti en disant que : "Les lumières sont la solution et en même temps le problème". Elle a en effet conduit à la destruction du mythe en sacralisant la "raison".
D'une certaine façon la philosophie des Lumières est devenue au fil de l'histoire excluante, orgueilleuse et totalitaire. Son orgueil a consisté à croire qu'elle pouvait à elle seule résoudre toutes les énigmes et totalitaire en dévalorisant l'imaginaire et "la pitié".
Le terme totalitaire peut paraître excessif. Il faut l'entendre au sens d'Hanna Arendt comme "la conception d'une Vérité qui ne supporte aucun doute, qui est imposée à tous" sans discussion. La totalitarisme exige de renoncer à penser et la soumission sans discussion à l'ordre qu'il établit.
La science des Lumières n'a nul besoin de la conscience, c'est à dire de la subjectivité des sujets. Elle se suffit à elle seule. Le cas de la médecine illustre bien cette représentation quand elle résume le patient à sa seule maladie; il est exproprié de son histoire et considéré comme un simple agrégat de molécules chimiques, sur lesquelles il est possible d'agir par d'autres molécules chimiques sans que sa subjectivité soit réellement prise en compte.
Les sciences de gestion n'échappent pas à cette emprise. Elles sont marquées de la même prétention. Elles diffusent avec conviction des outils qui deviennent des dogmes auxquels il faut se conformer car ils seraient l'expression de la Vérité.
Pour Vincent de Gaulejac, ceux -ci ne sont pas neutres. Ils sont porteurs d'une idéologie qui semble poser problème quand on voit d'un coté la montée de la souffrance dans les organisations et d'un autre l'affaiblissement des performances économiques des entreprises françaises face à l'environnement concurrentiel mondialisé.
Pour nous, cette idéologie ne se résume pas à la question seulement du capitalisme actionnariale qui privilégie la rentabilité immédiate au détriment des investissements. Elle est l'expression d'un attachement névrotique inconscient au vieux modèle de la productivité du travail. Les débats incessants sur les 35 h et le coût du travail le prouvent. La solution se trouve ailleurs dans le modèle de la compétitivité hors prix. Dans ce modèle, ce n'est plus la quantité d'heures travaillées qui importe mais la Valeur qu'on offre aux clients, rendant l'acte d'achat moins dépendant du prix mais de la capacité des produits et des services à satisfaire un besoin essentiel (réel ou imaginaire).
Dans son célèbre essai " ce qu 'est la philosophie des Lumières"(1784), Kant explique clairement les intentions de tous les philosophes qui se réclament de cette conception: "Les Lumières c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Tel est la devise des Lumières."
Mais si les penseurs des Lumières n'excluaient pas la sensibilité, le mouvement s'est peu à peu durcit pour ne privilégier que la rationalité pure exclusive. Et si "l'Aufklärung" avait bien pour but de libérer l'Homme de la pensée magique et animiste du moyen âge, elle n'était pas sans poser problème que certains comme Voltaire avait déjà pressenti en disant que : "Les lumières sont la solution et en même temps le problème". Elle a en effet conduit à la destruction du mythe en sacralisant la "raison".
D'une certaine façon la philosophie des Lumières est devenue au fil de l'histoire excluante, orgueilleuse et totalitaire. Son orgueil a consisté à croire qu'elle pouvait à elle seule résoudre toutes les énigmes et totalitaire en dévalorisant l'imaginaire et "la pitié".
Le terme totalitaire peut paraître excessif. Il faut l'entendre au sens d'Hanna Arendt comme "la conception d'une Vérité qui ne supporte aucun doute, qui est imposée à tous" sans discussion. La totalitarisme exige de renoncer à penser et la soumission sans discussion à l'ordre qu'il établit.
La science des Lumières n'a nul besoin de la conscience, c'est à dire de la subjectivité des sujets. Elle se suffit à elle seule. Le cas de la médecine illustre bien cette représentation quand elle résume le patient à sa seule maladie; il est exproprié de son histoire et considéré comme un simple agrégat de molécules chimiques, sur lesquelles il est possible d'agir par d'autres molécules chimiques sans que sa subjectivité soit réellement prise en compte.
Les sciences de gestion n'échappent pas à cette emprise. Elles sont marquées de la même prétention. Elles diffusent avec conviction des outils qui deviennent des dogmes auxquels il faut se conformer car ils seraient l'expression de la Vérité.
Pour Vincent de Gaulejac, ceux -ci ne sont pas neutres. Ils sont porteurs d'une idéologie qui semble poser problème quand on voit d'un coté la montée de la souffrance dans les organisations et d'un autre l'affaiblissement des performances économiques des entreprises françaises face à l'environnement concurrentiel mondialisé.
Pour nous, cette idéologie ne se résume pas à la question seulement du capitalisme actionnariale qui privilégie la rentabilité immédiate au détriment des investissements. Elle est l'expression d'un attachement névrotique inconscient au vieux modèle de la productivité du travail. Les débats incessants sur les 35 h et le coût du travail le prouvent. La solution se trouve ailleurs dans le modèle de la compétitivité hors prix. Dans ce modèle, ce n'est plus la quantité d'heures travaillées qui importe mais la Valeur qu'on offre aux clients, rendant l'acte d'achat moins dépendant du prix mais de la capacité des produits et des services à satisfaire un besoin essentiel (réel ou imaginaire).
La part maudite du management : l'idéologie gestionnaire (Vincent de Gaulejac, 2005)
Notre interrogation sur les fondements épistémologiques des sciences de gestion avait déjà été amorcée en 2005 par Vincent de Gaulejac:
"Au niveau épistémologique, ma critique porte sur les paradigmes qui fondent les sciences de la gestion :
- le paradigme objectiviste traduit la réalité en ratios, en indicateurs, en équations… Il donne la primauté au calcul sur tout autre langage pour gérer les entreprises. Derrière la primauté du calcul, c’est la rentabilité financière qui domine;
- le paradigme fonctionnaliste considère qu’il y a « une bonne façon » de faire fonctionner les organisations et que les conflits sont des dysfonctionnements. Implicitement, cela renvoie à la conception d’une organisation comme un système biologique ou mécanique. Dans toute communauté humaine, il y a des enjeux de pouvoirs, des contradictions, des rapports de force. La posture fonctionnaliste tend à aplanir ce qui est au cœur même du fonctionnement de toute société. Au lieu de considérer que les conflits sont normaux parce qu’ils sont l’expression d’opposition d’intérêts antagonistes, on fait comme s’il y avait une bonne organisation qui permettrait d’éradiquer tous les conflits. Donc, au lieu de les traiter, de les comprendre et de les prendre en compte, on les évacue, on les "externalise"
- le paradigme expérimental consiste à considérer que l’objectivation est un gage de scientificité, donc de vérité. Cela conduit en fait à ce que tout s’organise en fonction d’une rationalité issue de l’expertise. En fait, au lieu de traiter les problèmes en les comprenant, en les discutant, on les traite en instrumentalisant les acteurs de l’entreprise ;
- le paradigme utilitariste ne considère la pensée comme utile que dans la mesure où elle est opératoire. En entreprise, vous entendez ça tout le temps : « Ici, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. » La pensée n’est reconnue qu’à partir du moment où elle est utile pour le système. La pensée critique est considérée comme inutile, voire nuisible. Cela favorise le conformisme, la fameuse « pensée unique », le rejet des points de vue qui ne sont pas dans la ligne."
Extrait d'un article de Vincent de Gaulejac, « La part maudite du management : l'idéologie gestionnaire. », Empan 1/2006 (no 61) , p. 30-35
"Au niveau épistémologique, ma critique porte sur les paradigmes qui fondent les sciences de la gestion :
- le paradigme objectiviste traduit la réalité en ratios, en indicateurs, en équations… Il donne la primauté au calcul sur tout autre langage pour gérer les entreprises. Derrière la primauté du calcul, c’est la rentabilité financière qui domine;
- le paradigme fonctionnaliste considère qu’il y a « une bonne façon » de faire fonctionner les organisations et que les conflits sont des dysfonctionnements. Implicitement, cela renvoie à la conception d’une organisation comme un système biologique ou mécanique. Dans toute communauté humaine, il y a des enjeux de pouvoirs, des contradictions, des rapports de force. La posture fonctionnaliste tend à aplanir ce qui est au cœur même du fonctionnement de toute société. Au lieu de considérer que les conflits sont normaux parce qu’ils sont l’expression d’opposition d’intérêts antagonistes, on fait comme s’il y avait une bonne organisation qui permettrait d’éradiquer tous les conflits. Donc, au lieu de les traiter, de les comprendre et de les prendre en compte, on les évacue, on les "externalise"
- le paradigme expérimental consiste à considérer que l’objectivation est un gage de scientificité, donc de vérité. Cela conduit en fait à ce que tout s’organise en fonction d’une rationalité issue de l’expertise. En fait, au lieu de traiter les problèmes en les comprenant, en les discutant, on les traite en instrumentalisant les acteurs de l’entreprise ;
- le paradigme utilitariste ne considère la pensée comme utile que dans la mesure où elle est opératoire. En entreprise, vous entendez ça tout le temps : « Ici, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. » La pensée n’est reconnue qu’à partir du moment où elle est utile pour le système. La pensée critique est considérée comme inutile, voire nuisible. Cela favorise le conformisme, la fameuse « pensée unique », le rejet des points de vue qui ne sont pas dans la ligne."
Extrait d'un article de Vincent de Gaulejac, « La part maudite du management : l'idéologie gestionnaire. », Empan 1/2006 (no 61) , p. 30-35
La désespérance comme source de l'Utopie
Les acteurs économiques des entreprises françaises , quels qu'ils soient, sont confrontés à un paradoxe de plus en plus insupportable : depuis plus de deux décennies, ils doivent fournir beaucoup d'efforts avec des résultats insatisfaisants : le chômage n'en finit pas de progresser, le travail de s'intensifier et simultanément le taux de marge des entreprises continue de décliner.
C'est une situation qui peut - être vécue comme désespérante. L'évolution constante de la consommation des anti-dépresseurs entre 1998 et 2008 le prouve. Le désespoir est encore plus grand quand les promesses de ceux qui ont été élus n'ont pas pu être tenues....
Du point de vue de l'ethnopsychiatrie, le phénomène des entreprises libérées par ses nombreuses contradictions peut - etre perçu comme un délire (Devereux, 1970). En tant que tel, il est une production imaginaire qui a du sens. Il est fabriqué par une société en souffrance.
François Laplantine nous conseille de ne pas nous laisser hypnotiser par le symptôme (1974: 17). Il faut pour le décoder le considérer comme une expression de l'imagination collective trop longtemps séquestrée dans les filets de la rationalité gestionnaire instrumentale.
Les cost - killers ont fait plus que chasser les coûts, ils ont asséché l'imaginaire des collectifs en supprimant la dimension symbolique et mythique du travail. Car, pour les humains , qui sont des non-machines, l'action est inséparable d'une signification. En privant le travail d'un sens, celui - ci n'est pas devenu seulement "insignifiant" mais "insensé". C'est une expérience qui n'est pas psychologiquement supportable durablement...La montée des risques psychosociaux en témoigne.
Laplantine (1974:19) nous explique qu'il y a "pour une société ou un groupe social, deux manières de devenir fou : par refus hallucinatoire du réel, mais aussi par défaut d'imagination collective dans la stupeur hallucinée du réel". Or, il semble bien que les acteurs aient été confrontés à cette double injonction: d'un coté s'entêter coûte que coûte dans la compétitivité prix (refus du Réel) et d'un autre rationaliser à l'extrême les processus (Lean Management). Tout cela, pour satisfaire ce que les théoriciens de l'Agence ont appelé "Le principal", c'est à dire celui qui est détenteur des moyens de productions. Il faut bien convenir que cette situation paradoxale est psychiatriquement aberrante...
Un proverbe africain rappelle "qu'un Homme qui ne rêve pas est un Homme qui meurt". Chacun, en effet, a besoin de se projeter dans une action et un futur qui aient du sens (Frankl,1988). C'est l'imaginaire, et plus exactement l'Idéal du Moi qui permet cette fonction. Si celui - ci n'est pas mobilisé l'individu rencontrera assez vite l'épuisement; ce qu'Ehrenberg a bien traduit dans son ouvrage "La Fatigue d'être soi" (Ehrenberg, 1998).
La psychanalyse (Zaleznik, 1994) nous apprend que l'imaginaire est indissociable du désir. Il est en même une des expressions les plus directes. Ce dernier prend sa source dans les pulsions. C'est en s'enroulant autour du Surmoi qui permet le refoulement et la sublimation, qu'il se transforme en images.
La mythologie grecque, dont Freud s'est inspirée, l'assimile au Dieu Eros, représentant la puissance créatrice qui permet la vie. Celle - ci est persévérance (Spinoza) et s'oppose à la pulsion de mort (Thanatos). Lorsqu'elle rencontre des obstacles, elle peut revenir à ses origines, c'est à dire au corps ou trouver sa voie dans l'imaginaire à travers la sublimation.
Quand le désir ne trouve ne peut s'actualiser sous une forme ou sous une autre, il insiste avec une vigueur inébranlable jusqu'à ce qu'il puisse se frayer un chemin et trouver une issue. Quand, parfois, il n'y parvient pas, il se retourne contre l'individu qu'il met en souffrance. Celle - ci se manifeste alors sous la forme de troubles psychiques (Freud) ou somatiques (Alexander, Reich, Groddeck).
Le savoir des anthropologues (Sperber, 1982) nous apprenne que cette économie du désir n'est guère différente pour les groupes sociaux. Leurs observations montrent clairement que chaque fois que ceux - ci sont confrontés à des frustrations intolérables, cela entraînent des tensions qui les conduisent à s'organiser pour transformer leur désespoir en espérance . Cela se manifeste à travers des comportements de rupture avec les règles établies qui prennent des formes souvent "exubérantes" et insolites.
Laplantine, (1974) en a identifié 3 qui présentent un réel intérêt pour comprendre le signifié de l'entreprise libérée:
- Le messianisme qui se caractérise par la croyance "en la venue d'un libérateur ou d'un sauveur qui mettra fin à un ordre présent considéré comme mauvais et instaurera un ordre nouveau dans la justice et le bonheur" (Larousse)
- La possession qui permet de faire l'expérience "hic et nunc" de la libération
- L'utopie qui vise à construire et à vivre la cité idéale
Le mouvement des entreprises libérées semble caractérisé assez nettement par la première configuration et la troisième. Ses promoteurs prennent des postures prophétiques comme pour annoncer la bonne nouvelle; les organisations mises en placent se présentent comme des idéaux à atteindre. La dimension de la possession est plus discrète mais bien présente à travers l'intensité de la croyance mise en jeu. Celle - ci se traduisant souvent par une intolérance à la différence qui n'est pas sans surprendre au regard des idéaux proclamés. Ceux qui n'adhèrent pas au modèle sont en effet, généralement, invités à quitter l'entreprise de façon immédiate et fulgurante. (Avec des encouragements financiers particuliers pour faciliter et accélérer la séparation...)
C'est une situation qui peut - être vécue comme désespérante. L'évolution constante de la consommation des anti-dépresseurs entre 1998 et 2008 le prouve. Le désespoir est encore plus grand quand les promesses de ceux qui ont été élus n'ont pas pu être tenues....
Du point de vue de l'ethnopsychiatrie, le phénomène des entreprises libérées par ses nombreuses contradictions peut - etre perçu comme un délire (Devereux, 1970). En tant que tel, il est une production imaginaire qui a du sens. Il est fabriqué par une société en souffrance.
François Laplantine nous conseille de ne pas nous laisser hypnotiser par le symptôme (1974: 17). Il faut pour le décoder le considérer comme une expression de l'imagination collective trop longtemps séquestrée dans les filets de la rationalité gestionnaire instrumentale.
Les cost - killers ont fait plus que chasser les coûts, ils ont asséché l'imaginaire des collectifs en supprimant la dimension symbolique et mythique du travail. Car, pour les humains , qui sont des non-machines, l'action est inséparable d'une signification. En privant le travail d'un sens, celui - ci n'est pas devenu seulement "insignifiant" mais "insensé". C'est une expérience qui n'est pas psychologiquement supportable durablement...La montée des risques psychosociaux en témoigne.
Laplantine (1974:19) nous explique qu'il y a "pour une société ou un groupe social, deux manières de devenir fou : par refus hallucinatoire du réel, mais aussi par défaut d'imagination collective dans la stupeur hallucinée du réel". Or, il semble bien que les acteurs aient été confrontés à cette double injonction: d'un coté s'entêter coûte que coûte dans la compétitivité prix (refus du Réel) et d'un autre rationaliser à l'extrême les processus (Lean Management). Tout cela, pour satisfaire ce que les théoriciens de l'Agence ont appelé "Le principal", c'est à dire celui qui est détenteur des moyens de productions. Il faut bien convenir que cette situation paradoxale est psychiatriquement aberrante...
Un proverbe africain rappelle "qu'un Homme qui ne rêve pas est un Homme qui meurt". Chacun, en effet, a besoin de se projeter dans une action et un futur qui aient du sens (Frankl,1988). C'est l'imaginaire, et plus exactement l'Idéal du Moi qui permet cette fonction. Si celui - ci n'est pas mobilisé l'individu rencontrera assez vite l'épuisement; ce qu'Ehrenberg a bien traduit dans son ouvrage "La Fatigue d'être soi" (Ehrenberg, 1998).
La psychanalyse (Zaleznik, 1994) nous apprend que l'imaginaire est indissociable du désir. Il est en même une des expressions les plus directes. Ce dernier prend sa source dans les pulsions. C'est en s'enroulant autour du Surmoi qui permet le refoulement et la sublimation, qu'il se transforme en images.
La mythologie grecque, dont Freud s'est inspirée, l'assimile au Dieu Eros, représentant la puissance créatrice qui permet la vie. Celle - ci est persévérance (Spinoza) et s'oppose à la pulsion de mort (Thanatos). Lorsqu'elle rencontre des obstacles, elle peut revenir à ses origines, c'est à dire au corps ou trouver sa voie dans l'imaginaire à travers la sublimation.
Quand le désir ne trouve ne peut s'actualiser sous une forme ou sous une autre, il insiste avec une vigueur inébranlable jusqu'à ce qu'il puisse se frayer un chemin et trouver une issue. Quand, parfois, il n'y parvient pas, il se retourne contre l'individu qu'il met en souffrance. Celle - ci se manifeste alors sous la forme de troubles psychiques (Freud) ou somatiques (Alexander, Reich, Groddeck).
Le savoir des anthropologues (Sperber, 1982) nous apprenne que cette économie du désir n'est guère différente pour les groupes sociaux. Leurs observations montrent clairement que chaque fois que ceux - ci sont confrontés à des frustrations intolérables, cela entraînent des tensions qui les conduisent à s'organiser pour transformer leur désespoir en espérance . Cela se manifeste à travers des comportements de rupture avec les règles établies qui prennent des formes souvent "exubérantes" et insolites.
Laplantine, (1974) en a identifié 3 qui présentent un réel intérêt pour comprendre le signifié de l'entreprise libérée:
- Le messianisme qui se caractérise par la croyance "en la venue d'un libérateur ou d'un sauveur qui mettra fin à un ordre présent considéré comme mauvais et instaurera un ordre nouveau dans la justice et le bonheur" (Larousse)
- La possession qui permet de faire l'expérience "hic et nunc" de la libération
- L'utopie qui vise à construire et à vivre la cité idéale
Le mouvement des entreprises libérées semble caractérisé assez nettement par la première configuration et la troisième. Ses promoteurs prennent des postures prophétiques comme pour annoncer la bonne nouvelle; les organisations mises en placent se présentent comme des idéaux à atteindre. La dimension de la possession est plus discrète mais bien présente à travers l'intensité de la croyance mise en jeu. Celle - ci se traduisant souvent par une intolérance à la différence qui n'est pas sans surprendre au regard des idéaux proclamés. Ceux qui n'adhèrent pas au modèle sont en effet, généralement, invités à quitter l'entreprise de façon immédiate et fulgurante. (Avec des encouragements financiers particuliers pour faciliter et accélérer la séparation...)
La fonction de régénération des entreprises libérées
Le mouvement des entreprises libérées n'apparaît pas par hasard. Il se manifeste à un moment où le paradigme de la compétitivité prix est à bout de souffle (Bismuth, 2016) et où émerge celui de l'innovation à valeur ajoutée. Il est le résultat à la fois d'une trop longue domination des sciences de gestion centrées sur les coûts et de la nécessité de changer les cultures d'entreprise pour libérer la créativité des acteurs.
Il a donc une fonction de régénération. Il succède à une période folle caractérisée par la diabolisation de l'imaginaire et de l'intuition. A travers lui, c'est un "futur alternatif qui est en train de prendre forme" (Desroche).
Il n'est pas le seul événement exprimant cette transformation. Le design thinking, les techniques de facilitation visuelle, l'approche heuristique, les jeux sérieux, les méthodes agiles s'introduisent dans les fissures du modèle shizoïdo gestionnaire qui a dominé jusqu'à présent.
L'imagination créatrice, la coopération, la solidarité entre les membres d'une même communauté pourront t - il permettre le re développement de nos économies vacillantes ? C'est ce que nous espérons tous ! Mais il y a une condition au moins pour que cette mutation réussisse : c'est que le cynisme et l'opportunisme ne viennent pas pervertir le projet !
Il a donc une fonction de régénération. Il succède à une période folle caractérisée par la diabolisation de l'imaginaire et de l'intuition. A travers lui, c'est un "futur alternatif qui est en train de prendre forme" (Desroche).
Il n'est pas le seul événement exprimant cette transformation. Le design thinking, les techniques de facilitation visuelle, l'approche heuristique, les jeux sérieux, les méthodes agiles s'introduisent dans les fissures du modèle shizoïdo gestionnaire qui a dominé jusqu'à présent.
L'imagination créatrice, la coopération, la solidarité entre les membres d'une même communauté pourront t - il permettre le re développement de nos économies vacillantes ? C'est ce que nous espérons tous ! Mais il y a une condition au moins pour que cette mutation réussisse : c'est que le cynisme et l'opportunisme ne viennent pas pervertir le projet !
Bibliographie
Altman, « (Com)modifying Experience »; M. Radin, « Reflections on Objectification », Southern California Law Review, no. 65, 1991, p. 341-354; M. Radin, « Justice and the Market Domain », sous la direction de Roland Pennock et John
Chapman, dans Markets and Justice, New York, New York University Press, 1989, p. 165-197.
Bismuth D. (2016)
Durand G (1996), Introduction à la mythodologie, Albin Michel
Durand G (1992), Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Dunod
Laplantine F. (1974), Les trois voies de l'imaginaire, Editions Universitaires
Löwy M.(2013), La cage d’acier. Max Weber et le marxisme wébérien, Stock, Paris
Sperber D. ( 1982), Le savoir des anthropologues, Collection Savoir, Hermann Editeurs des sciences et des arts
Zaleznik A. (1994), Les ressorts de l'action, Interéditions
Chapman, dans Markets and Justice, New York, New York University Press, 1989, p. 165-197.
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