Le Temps des Valeurs

4.82 Quel modèle futur pour le système de l'enseignement supérieur français ?

Les étudiants et diplômés de l’enseignement supérieur estiment n’être pas assez formés et préparés aux attentes du monde du travail. Une inadéquation entre leurs compétences et celles requises par les entreprises semble se dessiner. Est-ce vraiment le cas ? Les programmes de l’enseignement supérieur doivent-ils être modifiés ? Si oui, l’enseignement supérieur français est-il prêt à être changé ?


Les sociétés actuelles changent et se transforment très rapidement, du fait de la digitalisation et des nouveaux enjeux à la fois environnementaux et sociaux.

Ces mutations opèrent des transformations sur le marché du travail et plus particulièrement dans le besoin en compétences. De nombreux métiers disparaissent ou évoluent, d’autres se créent en même temps que de nouvelles exigences en termes de compétences apparaissent.

Selon un rapport de l’OCDE publié en 2017 (Getting skills right : good practice in adapting to changing skill needs), la France connaîtrait des pénuries en compétences sociales et plus de 50% de ses entreprises éprouveraient des difficultés de recrutement (MEDEF). Ainsi, les compétences interpersonnelles, en traitement de l’information et autres compétences cognitives sont maintenant fortement prisées.

Les enjeux sociaux et environnementaux auxquels nous faisons face amènent la remise en question des formations offertes par l’enseignement supérieur. Certains enseignements, basés sur la vision de l’entreprise du XXème siècle dont le profit et la prédation sont le fonds de commerce, font débat.

Le marché du travail peine à s’adapter au rythme des évolutions et des transformations des métiers et des besoins, générant ainsi une pénurie et une inadéquation des compétences.

Se conformer à ces nouvelles attentes suppose la modification des offres de formations, des contenus des programmes de l’éducation, et plus particulièrement de l’enseignement supérieur qui forme les actifs de demain.
 

Adapter les contenus et les offres de formation pour répondre aux nouvelles sensibilités étudiantes et aux exigences du monde de l’entreprise

Soft skills et compétences transversales : l’importance de l’humain

Plus qu’une tendance, la question de la place des soft skills (ou compétences douces) dans l’enseignement supérieur est centrale. Dans un monde dominé par les ordinateurs aux capacités démultipliées - en passe de dominer les capacités cognitives humaines - il devient presque impératif de retourner à l’humain et à ce qui fait son humanité : sa propension à éprouver des émotions, son intelligence émotionnelle.

Aujourd'hui, savoir se servir et exploiter ses capacités intra et interpersonnelles est un élément de différenciation dans une économie de la connaissance où l’immatériel crée de la valeur. Selon une étude du World Economic Forum de 2016, les métiers de demain seront ceux qui allieront de fortes compétences relationnelles et situationnelles à des compétences numériques. Les métiers de demain seront ceux qui requerront adaptabilité et autonomie, mais aussi esprit d’équipe, écoute active et créativité.
Intégrer ces soft skills dans l’enseignement supérieur constituerait à la fois une réponse aux besoins profonds des entreprises mais aussi aux sensibilités nouvelles des étudiants, fortement demandeurs de contenus leur permettant de les développer.
D'après les résultats de notre enquête de terrain mené auprès d'étudiants, la majorité d'entre eux accordent une grande importance aux soft skills et déplorent le manque d'opportunité de les développer dans leurs formations.

 

Mise en place de contenus de formation qui répondent aux défis sociétaux et environnementaux
A l’image des soft skills, une autre dimension non négligeable doit trouver sa place dans les formations actuelles : la dimension environnementale. C’est un enjeu majeur et se décline dans tous les domaines de la société mais est malheureusement trop peu présent dans l’éducation, quel que soit le niveau.

Pourtant, le défi de l’environnement touche d’autant plus les étudiants qu’ils seront ceux qui évolueront dans un monde où les limites planétaires seront une réalité quotidienne.

Les étudiants se doivent de développer une prise de conscience et une réflexion sur ces enjeux qui composeront leur futur personnel et professionnel. Ils sont les acteurs de demain, ceux qui pourront travailler sur de nouveaux concepts, proposer de nouvelles manières d’occuper le monde, mettre en place des systèmes économiques moins prédateurs en ressources naturelles et humaines. Mais tout cela demande une intelligence sensible à ces perspectives, une intelligence formée à orienter ou réorienter les activités des entreprises mais aussi de la société.

L’enseignement supérieur doit alors impérativement intégrer ces questions dans ses programmes. L’enjeu environnemental doit se décliner en savoir, en enseignements et en compétences.

Au-delà de l’environnement, les étudiants doivent davantage être sensibilisés aux enjeux sociaux et sociétaux qui minent déjà notre société. Ceux-ci vont s’aggraver de pair avec la santé de notre planète. Il s’agit, par exemple, de la situation des plus démunis face à cette crise écologique, qui oblige des populations entières à se déplacer ou à vivre dans un environnement pollué, conduisant ainsi à des problèmes de santé publique.

Notre propos n’a pas vocation à dire que les étudiants vont changer le monde. Cependant, sans une sensibilisation et une connaissance profonde de ces problématiques, ils ne pourront pas améliorer celui qui les attends, à leur échelle ou à une échelle plus large.
 

Introduire de nouvelles méthodes pédagogiques et de nouvelles compétences

" Manque de flexibilité et d’ouverture, contenus trop spécialisés et peu adaptés au monde actuel, méthodes d’enseignement trop traditionnelles et peu attrayantes ", autant de qualificatifs donnés par les étudiants sur leurs formations.

Ces dernières années, les profils et les motivations des étudiants se sont transformés et complexifiés. Ils n’ont plus les mêmes attentes de l’enseignement et n’ont plus les mêmes relations au savoir. Ainsi, dispenser des enseignements fondés sur les mêmes méthodes d’apprentissage qu’il y a quelques années n’est plus pertinent.

L’introduction de nouveaux contenus et enseignements, pour permettre le développement des softs skills et de la sensibilité aux enjeux environnementaux et sociaux n’est pas compatible avec des méthodes pédagogiques “traditionnelles”.
Par “traditionnelles”, il faut comprendre “cours magistraux” : un enseignant qui délivre son savoir à une classe – un schéma d’enseignement qui n’a pas changé depuis 150 ans.
 
Mais les soft skills ne s’enseignent pas, ils s’expérimentent. Aucune théorie ne peut réellement apprendre à coopérer, à avoir un esprit critique, à s’adapter ou bien à être autonome.  Une pédagogie plus active et engageante serait mieux adaptée.
Par ailleurs, nous nous retrouvons désormais dans une économie de la connaissance. Une économie où l’immatériel crée de la valeur, où la production, la diffusion et l’utilisation des savoirs sont le cœur de la compétitivité des entreprises et des pays. Le capital humain est devenu un avantage concurrentiel indispensable. Or, celui-ci apporte avec lui un nouveau besoin en termes de compétences, différentes de celles de rigueur à l’ère industrielle.

Trois blocs de compétences se dessinent autour des travaux de plusieurs organismes internationaux comme l’OCDE ou l’organisation américaine P21 :
-   Les compétences génériques d’apprentissage
-   Les compétences d’innovation, de création et de résolution de problèmes
-   Les compétences de collaboration

Compétences génériques d’apprentissage :
Dans un monde où l’information est reine et bouleversé par la forte présence des technologies de l’information et de la communication (TIC), il devient crucial de savoir y évoluer. Il devient crucial de savoir chercher, sélectionner, trier et organiser l’information rapidement et efficacement mais aussi critiquer l’information obtenue. Les compétences génériques d’apprentissage sont d’autant plus importantes qu’elles sont transférables d’une activité à l’autre, un avantage clé face à la vitesse à laquelle évoluent les métiers et les secteurs d’activité, à tel point que nous ne savons pas quels savoirs et savoir-faire seront requis dans quelques années pour exercer tel ou tel métier. Alors, autant doter les jeunes de compétences utilisables dans tous les domaines plutôt que d’aptitudes techniques spécifiques.
 

Compétences d’innovation, de création et de résolution de problèmes :
Pilier de l’économie de la connaissance, l’innovation confère un avantage essentiel aux entreprises en termes de compétitivité. La capacité à créer et à utiliser ces informations pour générer des idées nouvelles doivent donc faire partie des compétences clés enseignées dans l’enseignement supérieur. Mais notre système éducatif comme le monde des entreprises laissent peu de place à la création, tous deux fondés pour répondre aux besoins de l’industrialisation en travailleurs dociles et disciplinés.

De plus, comment favoriser la créativité des étudiants lorsque la moindre erreur est stigmatisée ? En effet, l’école et l’entreprise ont développé une sanction de l’échec, paralysant les esprits originaux et créatifs. Or, selon Ken Robinson, expert en éducation, dans sa conférence Do schools kill creativity ?, nous ne pouvons rien imaginer d’original si nous ne sommes pas préparés à avoir torts, si nous sommes éduqués hors de nos capacités créatives. Il faut sortir de la pensée unique et permettre le foisonnement d’idées utiles et inutiles pour répondre à la demande de notre économie : des acteurs créatifs aux concepts originaux, aux idées nouvelles.
 

La transdisciplinarité aiderait à développer ce processus de créativité, d’innovation et de résolution de problèmes. En effet, selon le prix Nobel de médecine Eric Richard Kandel, la mémorisation d’une information nécessite son association à d’autres connaissances déjà ancrées dans la mémoire.

C’est ce qu’a mis en place l’université de Roskilde au Danemark à travers une innovation pédagogique radicale dans l’ensemble de ses cursus :  l’apprentissage par problèmes et par projets (problem-based learning).
La méthode est simple : des groupes d’étudiants travaillent sur des sujets de leur choix en lien avec des problématiques réelles, le tout encadré par un superviseur.

A travers cette pratique se sont développés des cursus pluridisciplinaires, permettant aux étudiants de relier leurs connaissances et de les mobiliser pour parvenir à une solution pertinente et efficace.

C'est notamment ce qu'a exprimé Edgar Morin dans sa Communication au Congrès International en 2017 : " Nous savons que le mode de pensée ou de connaissance parcellaire, compartimenté, mono-disciplinaire, quantificateur, nous conduit à une intelligence aveugle, dans la mesure même où l’aptitude humaine normale à relier les connaissances s’y trouve sacrifiée au profit de l’aptitude non moins normale à séparer. Car connaître, c’est, dans une boucle ininterrompue, séparer pour analyser, et relier pour synthétiser ou complexifier. La prévalence disciplinaire, séparatrice, nous fait perdre l’aptitude à relier, l’aptitude à contextualiser, c’est-à-dire à situer une information ou un savoir dans son contexte naturel. Nous perdons l’aptitude à globaliser, c’est-à-dire à introduire les connaissances dans un ensemble plus ou moins organisé. Or les conditions de toute connaissance pertinente sont justement la contextualisation, la globalisation ".
 

Compétences de collaboration :
Enfin, pour favoriser la création de nouvelles connaissances et accélérer la résolution de problèmes, un processus de collaboration est la solution la plus efficace. Ce sont les rencontres entre les individus et les synergies nées de leurs idées qui amènent le processus créatif à se surpasser. C’est l’intelligence collective qui donne lieu à des concepts non seulement innovants mais pertinents.
Outre la transdisciplinarité, le concept de classe inversée est également un bon outil pour développer la coopération et rendre les étudiants acteurs de leur apprentissage. Il s’agit d’inverser les rôles entre étudiants et enseignant : sur un thème donné, les étudiants doivent en groupe, construire le cours autour d’une notion clé et le transmettre aux autres étudiants (qui auront fait la même chose sur d’autres concepts du thème).

L’objectif est de développer un apprentissage centré sur l’étudiant et sur ce qu’il apprend. Il n’est plus un acteur passif mais devient un apprenant pro-actif. L’enseignant change de posture, passant d’instructeur à accompagnateur.
 

Permettre aux innovations pédagogiques de se généraliser
Faire émerger des innovations pédagogiques, les faire essaimer et les généraliser exigent une participation active et profonde des institutions publiques et des établissements. La seule action des enseignants apportant une innovation pédagogique ne suffira pas.
Le ministère doit être le moteur de ces innovations et proposer des cadres de développement tout en maintenant la liberté d’action des établissements en termes de pédagogie.

Ces derniers doivent, quant à eux, mener une politique de formation forte afin d'encourager les initiatives des enseignants et des étudiants. Ils pourront ensuite les intégrer au processus d'enseignement à titre durable.
 
L’introduction de nouvelles méthodes pédagogiques suppose également un changement de rôle des enseignants dans la formation des étudiants. L’évolution des méthodes pédagogiques (réponse à l'adaptation des contenus et compétences aux changements sociétaux et des populations étudiantes) nécessite l'évolution des pratiques enseignantes et leur formation en termes de pédagogie.
Les enseignants doivent se former à ces nouvelles méthodes qu’ils n’ont pas eux-mêmes expérimentés pendant leurs études. Ils doivent réapprendre à apprendre.
La construction de « centres pour le développement pédagogique » sur les campus pourrait permettre à la fois de former les enseignants, promouvoir l’innovation pédagogique et mettre en place des réflexions autour de la pédagogie.
Cela signifierait, pour les établissements, la mise en place d’un service dédié au développement et à l’innovation pédagogique.
 
Pour favoriser les nouvelles pratiques pédagogiques, les campus doivent aussi être adaptés. Cela passe par l’équipement et l’organisation des salles de classe pour permettre un enseignement actif. Ils doivent également être intelligents et numériques afin d’encourager la pratique de la pédagogie par projet.
La généralisation des " learnings labs " dotés d’équipements technologiques permettrait de soutenir le développement de pratiques pédagogiques innovantes et leur diffusion. L’idée est de donner la possibilité aux enseignants de découvrir et d’intégrer de nouvelles méthodes à leur pédagogie.
 

Développer des alternatives de formation

Le développement de nouvelles compétences compatibles avec le marché du travail actuel peut également se faire à travers la collaboration entre écoles et entreprises.
 
Parcours en alternance : évoluer dans le monde professionnel :
Se lancer dans un parcours en alternance peut permettre aux étudiants d’évoluer directement dans le monde professionnel et mettre en pratique les enseignements qu’ils suivent à l’école.

L’immersion directe dans le monde de l’entreprise est une bonne méthode pour le développement de compétences humaines - nécessaires à l’évolution en situation professionnelle - et la mise en pratique des compétences spécifiques à leur mission.
Les alternants constituent aussi une mine d’informations pour les établissements de l’enseignement supérieur. Ils leur permettent d’identifier les besoins des entreprises en examinant leurs missions et ainsi adapter le contenu des programmes pour pallier le manque ressenti par les employeurs.
 
Filières ultraspécialisées
Les filières ultraspécialisées proposent des contenus axés sur un secteur d’activité avec des codes et des normes de fonctionnement spécifiques à leurs activités. Former les étudiants à les comprendre est une solution efficace pour combler l’écart entre l’école et le monde professionnel, les principes de ces secteurs ayant déjà été intégrés. Ces filières sont construites en collaboration avec des entreprises du secteur afin de correspondre le mieux possible aux réalités de ces activités.
A titre d’exemple, il existe des filières en management du sport ou en management de luxe.

A l’issue de ces cursus, un étudiant est doté d’un bagage important en compétences spécifiques et techniques qui lui permettra d’évoluer dans ces domaines professionnels. Il aura tout de même des compétences plus générales, transférables à d’autres secteurs d’activités.
 
Ecoles et formations ouvertes par les entreprises
Certaines entreprises décident, quant à elles, d’ouvrir leurs propres formations et/ou écoles. C’est le cas par exemple de l’école de vente d’Unilever ou de l’école 42, ouverte à l’initiative du PDG de Free face aux manques de développeurs en France.

Ces formations peuvent répondre à un besoin en compétences spécifiques pour les entreprises formatrices ou bien les entreprises d’un secteur particulier. Celles-ci sont, en effet, les mieux placées pour connaître les manques dans leur secteur d’activité en matière de compétences. Ainsi, proposer des cursus aux contenus spécifiques pour former à des métiers et compétences précis peut constituer une solution pour répondre aux besoins immédiats des entreprises. L’adéquation entre l’offre et la demande de travail serait donc plus optimale.

Cependant, ce type de formation répond à des besoins de court-terme. De plus, ces entreprises, selon une enseignante-chercheure à l’ESC Clermont, s’enferment « dans l’immédiateté, dans la logique de réactivité qui les empêchent de penser le futur ».
Selon elle, l’ouverture de telles formations prive les entreprises de la capacité de créativité, d’imagination, des regards différents provenant de l’enseignement supérieur, qui ouvre à des composants et contenus différents.
Ces types de formations forment uniquement pour un besoin immédiat de l’entreprise et ne cherchent pas à identifier les compétences qui pourraient être mises au service de son développement. Il serait donc peut-être plus judicieux pour les entreprises d’identifier leurs besoins immédiats en compétences tout en évaluant leurs évolutions possibles et ensuite pouvoir les anticiper en proposant des formations adéquates.
 
La collaboration entre le monde de l’entreprise et le monde de l’enseignement semble être une réponse à l’inadéquation existante entre les attentes du marché du travail et celles que les étudiants ont effectivement la capacité de combler. Plus au fait de la réalité de leurs secteurs, elles peuvent apporter des éclairages précieux quant aux besoins de ces derniers.
 

Faire des entreprises des organisations apprenantes

L’écart entre compétences des étudiants et exigences des entreprises ne se justifie pas uniquement par des contenus inadaptés offerts par l’enseignement supérieur.
 
Les entreprises demandent des candidats déjà opérationnels à leur arrivée. Or, c’est une exigence impossible à satisfaire. Quand bien même un jeune diplômé présente les aptitudes techniques nécessaires, son temps d’intégration à l’entreprise, à sa culture et à son mode de fonctionnement ralentit son efficacité et donc une opérationnalité optimale.
 
L’entreprise, en tant que recruteur, a tendance à oublier qu’un jeune diplômé vient d’un monde scolaire, où la théorie prend le pas sur la pratique. Cela peut expliquer le décalage entre les compétences “enseignées” dans l’enseignement supérieur et celles attendues par les entreprises.

Ainsi, celles-ci doivent construire au sein de leur structure un environnement favorisant le développement de compétences en continu. Elles doivent développer un environnement capacitant.
Un environnement capacitant est, selon la définition qu’en donne Pierre Falzon, ergonome et professeur au Centre de recherche sur le travail et le développement (2005) « un environnement qui permet aux personnes de développer de nouvelles compétences et connaissances, d’élargir leurs possibilités d’action, leur degré de contrôle sur leur tâche et sur la manière dont ils la réalisent, c’est-à-dire leur autonomie. »
L’objectif est à la fois de contribuer au développement de la santé cognitive des individus, c’est-à-dire le développement de compétences utiles à leur progression, à leur réussite et de les inciter à utiliser les ressources à leur disposition pour le faire.
 
Construire ce type d’environnement requiert une action sur les contenus du travail (tâches variées), ses modes d’organisation (travail en binôme, tutorat des nouveaux arrivants) et sur la gestion des ressources humaines (accès au savoir et aux connaissances nécessaires à l’aide de formations).
L’ensemble de ces actions donnent aux nouveaux arrivants (les jeunes diplômés) la possibilité d’apprendre et d’expérimenter dans un contexte professionnel, la collaboration en équipe, l’autonomie ou encore la responsabilité.
 
L’entreprise doit donc devenir une organisation apprenante, faisant du développement des compétences de ses collaborateurs une priorité. Elle pourra ainsi permettre leur utilisation, leur actualisation et l’acquisition de nouvelles afin de s’insérer dans un monde en perpétuel changement où l’adaptation est de rigueur.
En permettant aux nouveaux arrivants de travailler à l’acquisition des savoirs et savoir-faire manquants à leur bagage, les entreprises pourraient apporter une solution à l’inadéquation des compétences entre celles des jeunes diplômés et celles attendues par le monde du travail.
 

Plusieurs possibilités s’offrent à l’enseignement supérieur et aux entreprises pour répondre aux réalités du marché du travail actuel et s’y adapter.

Le capital humain est, de toute évidence, le cœur de notre économie actuelle basée sur la maîtrise et l’utilisation de l’information. Les compétences primordiales à cette maîtrise sont la créativité, la pensée critique, la communication et la coopération.
Cependant, il est aussi évident que le changement est un processus long et difficile à mettre en place. D’une part, il requiert une remise en question des enseignements dispensés par les établissements de l’enseignement supérieur. D’autre part, le fonctionnement même des entreprises se voit remis en cause, tant dans leurs critères et processus de recrutement mais aussi dans leurs environnements de travail.

Article rédigé par un groupe d'étudiants en Master in Management du Groupe ESC Clermont Business School (3° année)

Bibliographie

Béjean, S. et Monthubert, B. (2015). Pour une société apprenante. Propositions pour une stratégie nationale de l’enseignement supérieur
Bertrand, C. (2014). Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur
Blitman, S. (2015). Les learning labs, ces salles de cours 3.0. L’Etudiant
Bourdat, M. (2018). Transformation de l’emploi : quelle ingénierie du développement des compétences ? (Billet de blog)
Calmand, J., Giret, J-P., Lemistre, P. et Ménard, B. (2015). Les jeunes diplômés de bac+5 s’estiment-ils compétents pour occuper leurs emplois ? Bref du Céreq, (340)
Clivio, I. (2019). Top 10 des « soft skills” en entreprise selon les cadres. Les Echos Start
IFOP. (2018). La place souhaitée de l’entreprise au sein de l’enseignement supérieur
Medef. (2016). Education – Enseignement supérieur : Il n’y a pas de croissance durable sans un système éducatif performant
Morin, E. (1998). Réforme de pensée, transdisciplinarité, réforme de l’Université. Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Etudes transdisciplinaires, (12)
OCDE. (2017). Getting Skills Right : Good Practice in Adapting to Changing Skill Needs : A perspective on France, Italy, Spain, South Africa and the United Kingdom (OCDE)
OCDE. (2017). Obtenir les bonnes compétences : France (OCDE)
Oudet, S. F. (2012). Concevoir des environnements de travail capacitants : l’exemple d’un réseau réciproque d’échanges des savoirs. Formation emploi. Revue française de sciences sociales, (119), 7-27
Paris Innovation Review. (2015). Nouveaux savoirs, nouveaux savoir-faire : les compétences du XXIème siècle. Paris Innovation Review.
Roberge, A. (2018). Pédagogie par projets : une approche pédagogique moderne ? Thot Cursus.
Torkington, S. (2016). The jobs of the future – and two skills you need to get them. World Economic Forum.
 

Demain l'école ?

This browser does not support the video element.


Lu 3055 fois