Le Temps des Valeurs

4.83 La théorie du lotissement : La coopération : une clé pour réussir le monde de demain par Loîck Roche, Directeur général de GEM

Cet article est tiré du livre " La théorie du lotissement : Les clés pour réussir le monde de demain " paru en 2016 aux éditions PUG écrit par Loîck Roche que nous remercions vivement pour nous avoir autorisé à diffuser un extrait de son ouvrage. A travers celui - ci, c'est un appel à la collaboration respectueuse qu'il lance, plutôt quà la compétition sauvage entre ce qu'il appelle "les voisins".


"Où l’on comprend que ma maison a d’autant plus de valeur que la maison du voisin a de la valeur. Où l’on voit que ma maison peut être la plus belle du monde, si la maison du voisin n’est que ruine, ma maison n’aura jamais beaucoup de valeur. D'où l’on déduit, si la maison du voisin est très belle – mieux, si c’est un château – que ma maison n’a pas de prix"
 
Il est difficile de savoir comment naissent les idées. Un jour elles s’imposent. La théorie du lotissement, un jour, a surgi. Sa clarté, son évidence, l’ont imposée.

Directeur d’une grande école, je lisais ce jour-là les déclarations du directeur d’un établissement universitaire voisin. Pour mettre ses programmes en avant, il n’énonçait pas ses atouts. Son argumentation ne reposait que sur un point : se comparer, se comparer encore à notre école.
Je connaissais la personne. Coutumier du fait. Une fois encore, plutôt que d’énoncer ses points forts, il choisissait de s’en prendre au voisin. À voir tomber les pommes, on s’habitue. Aussi, avec le temps, je n’éprouvais plus qu’indifférence. Ce jour-là pourtant – mais n’a-t-il pas fallu à Newton voir tomber beaucoup de pommes pour que l’une d’elles ne le frappe différemment ? – j’ai ressenti une profonde tristesse. " Quel gâchis, mais quel gâchis. " C’est à ce moment que s’est imposé à moi ce que j’allais appeler la " théorie du lotissement ".

Pour bien comprendre, il faut savoir que nos établissements sont situés 25 dans la même agglomération. Au sens propre du terme. À quatre kilomètres l’un de l’autre. Par la route, pas même à vol d’oiseau. Sur une même ligne de tramway. Aussi, pour un observateur extérieur qui ignore la particularité de l’enseignement supérieur et de la recherche en France (ce qui est le cas de la très grande majorité de nos concitoyens et plus encore pour ceux en dehors de la France pour qui notre système est proprement incompréhensible) – particularité qui repose, pour faire simple, sur les universités et les grandes écoles – et voudrait mesurer la performance de l’enseignement supérieur dans un domaine bien précis à cet endroit (nos deux établissements travaillant sur le même champ disciplinaire), il ne fera pas de différence entre la grande école et l’université. Seule importera, pour lui, la performance d’ensemble. Et il aura bien raison.
Pour cet observateur extérieur, la grande école et l’université, parce que voisines géographiquement, parce que sur le même champ disciplinaire, ne sont que les deux maisons d’un seul et même lotissement. Le lotissement de l’enseignement supérieur dans un domaine particulier à un endroit bien précis. 
 

Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre
Comme dans un lotissement, ma maison a d’autant plus de valeur que la maison du voisin a de la valeur. Et parce que plus la maison du voisin est belle, plus elle donne de valeur à ma propre maison, chacun de nos établissements a donc tout intérêt à ce que l’autre établissement, université ou grande école, soit le plus performant possible. Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre, et inversement. Appelons cela une politique de site, appelons cela du bon sens, appelons cela " simplicité " pour faire emprunt au vocabulaire de Bergson. Qu’importe. La performance de l’un et la performance de l’autre profitent à la performance d’ensemble, et donc au bien commun de notre lotissement. Comportement responsable. La performance de l’un et la performance de l’autre sont intimement liées.

Si maintenant, au contraire, nos relations sont de mauvais voisinage, qu’elles se résument à discréditer, disqualifier l’autre, voire à tout mettre en œuvre pour détruire la maison du voisin, sans même parler de toute cette énergie dépensée à nuire, c’est bien à la destruction de la performance d’ensemble du lotissement que l’on contribue et donc à la  destruction de valeur de sa propre maison.
Ce qui est vrai de l’humanité – où déjà comme le notait Kant (Vers la paix perpétuelle), on en est arrivé au point où toute atteinte au droit en un lieu est ressentie en tous – est vrai à l’échelle du lotissement. Si nous nous abîmons dans des querelles de voisinage, des guéguerres, toutes plus indignes les unes que les autres, non seulement nous mettrons longtemps à nous guérir des maux que nous nous causons mais nous aurons encore à en payer le tribut. Comportement irresponsable. La destruction de la valeur de l’un et la destruction de la valeur de l’autre sont intimement liées.

On ne crée pas de valeur, on ne grandit pas sa propre maison en étêtant la valeur, le faîte des autres maisons. On grandit sa maison, on crée de la valeur, parce que l’on travaille, parce que l’on taille, l’on polit des pierres brutes. Comme les arbres au cœur de la forêt, au cœur d’un lotissement, il appartient à chacun de tirer l’autre vers le haut, vers le soleil. " Dans une forêt, écrit Kant (Vers la paix perpétuelle), les arbres se contraignent réciproquement [positivement] à chercher l’un et l’autre au-dessus d’eux, et par suite poussent beaux et droits. " 
Si l’arbre pour grandir doit détruire tout ce qui l’entoure, il finira bien petit. Borgne au royaume des aveugles, le plus grand certes mais au cœur d’arbrisseaux.

C’est ainsi qu’est née la théorie du lotissement. D'un premier lotissement, de deux maisons voisines de quelques kilomètres, où l’on enseigne, où l’on fait de la recherche, dans de mêmes domaines.

Comme un domino qui tombe peut en entraîner un deuxième, puis un troisième, un quatrième, et ainsi de suite, la théorie du lotissement, très vite, a débordé le creuset du cas concret qui l’a vu naître. Pour recouvrir d’autres champs, à d’autres échelles, dans d’autres domaines.

La théorie du lotissement dessine une conception radicalement nouvelle de la façon dont nous devons envisager les relations des organisations entre elles, des entreprises entre elles, mais aussi des partis politiques entre eux. Et même des personnes entre elles. Jusqu'aux relations à l’intérieur de chacune de ces structures. Jusqu'à la famille.
 

L’intérêt général d’abord

Où l’on comprend qu’un premier lotissement formé de premières maisons peut être appelé lotissement de niveau 1.
Où l’on voit que plusieurs lotissements de niveau 1 peuvent former un lotissement de niveau 2.
Où l’on déduit que plusieurs lotissements de niveau 2 peuvent former à leur tour un lotissement de niveau 3 et ainsi de suite. À chaque niveau la théorie du lotissement opère.

 
À l’échelle d’un plus grand territoire, la grande école et l’établissement universitaire peuvent être vus comme les pièces d’une seule et même maison : la maison de l’enseignement supérieur et de la recherche dans un domaine bien particulier. Une maison située dans un endroit bien précis – ici une agglomération. Une maison qui constitue ce que j’appelle un lotissement de niveau 1.

Ce lotissement de niveau 1, avec d’autres lotissements de même niveau (par exemple, sur l’agglomération, un lotissement défini par les établissements d’enseignement dans un deuxième domaine ; ou encore un lotissement défini par les établissements d’enseignement dans un troisième domaine) forment un lotissement de niveau 2.

Ce lotissement de niveau 2 est donc constitué des grandes maisons ou lotissements de niveau 1 : des enseignements dans un premier domaine ; des enseignements dans un deuxième domaine ; des enseignements dans un troisième domaine. À l’échelle d’un territoire, ce lotissement de niveau 2 réunit l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche ; cette fois donc, tous domaines confondus.

Comme précédemment pour le lotissement de niveau 1, nous voyons immédiatement que le lotissement de niveau 2 sera d’autant plus performant que les lotissements de niveau 1 seront performants. Chaque lotissement de niveau 1 a donc tout intérêt à ce que le  lotissement voisin de niveau 1 soit le plus performant possible. Là aussi, la performance de chacun profite et rejaillit sur tous.
 

Prendre de la hauteur
Concrètement, le lotissement de niveau 1, enseignements dans un premier domaine, a tout intérêt à ce que les lotissements de niveau 1, enseignements dans un deuxième domaine et enseignements dans un troisième domaine soient performants.

Pour un observateur extérieur, la performance de l’enseignement supérieur et de la recherche sur un territoire – tous domaines d’enseignement confondus – est vue dans sa globalité. Et comme la solidité d’une chaîne repose sur l’ensemble des maillons qui la composent, et comme une chaîne ne peut être plus solide que le plus faible de ses maillons, le lotissement de niveau 2 doit pouvoir compter sur des maisons solides. Moins il y aura de maillons faibles, moins il y aura de lotissements de niveau 1 faibles, plus la performance d’ensemble sera élevée. Plus mon lotissement de niveau 2 sera performant.
Les guerres disciplinaires n’ont donc pas lieu d’être. Opposer les unes aux autres, voire disqualifier les unes pour rendre plus attractives les autres – ainsi de l’opposition entre sciences dures et sciences molles dont les plus grands génies que sont Descartes, Pascal, Leibniz … aussi puissants en mathématiques qu’en philosophie, auraient bien ri – est destructeur. Destructeur de la valeur des sciences qui sont attaquées, destructeur de la valeur des sciences qui les attaquent, puisque destructeur de la valeur d’ensemble.
 

Travailler pour le voisin, c’est travailler pour soi

Où l’on comprend que le nombre de lotissements auxquels peut appartenir une maison est multiple.
Où l’on voit que le nombre d’emboîtements de lotissements entre eux est fini.
Où l’on déduit que la théorie du lotissement ne gomme pas la compétition mais qu’elle ambitionne de la placer au bon endroit.


En l’espèce, une maison appartient toujours à plusieurs lotissements. Par exemple la grande école sur un site donné peut appartenir, comme nous l’avons vu, à un premier lotissement, le lotissement de niveau 1 qui regroupe sur ce même site tous les établissements où l’on enseigne et où l’on fait de la recherche sur un même domaine.

Dans le même temps, la grande école est aussi une maison d’un autre lotissement de niveau 1, par exemple, l’ensemble des grandes écoles sur un site donné. Les maisons de ce deuxième lotissement de niveau 1 sont par exemple la grande école de management, la grande école d’architecture, la grande école d’ingénieurs. Cet autre lotissement de niveau 1 n’est plus caractérisé comme l’était le premier lotissement de niveau 1 par un même domaine d’enseignement mais par ce que nous pourrions appeler le label " grandes écoles ".

Cet autre lotissement de niveau 1 peut lui aussi appartenir à un lotissement de niveau 2 (par exemple à l’échelon régional, l’ensemble des lotissements " grandes écoles " que l’on peut trouver sur les différents sites de la région). Puis à un niveau 3 qui pourrait être l’ensemble des grandes écoles en France.

Autre forme encore de lotissement de niveau 1, l’ensemble des grandes écoles en management, cette fois-ci au niveau d’une région. Lotissement de niveau 1 qui, lui aussi, peut appartenir à lotissement de niveau 2, par exemple, l’ensemble des grandes écoles de management 31 en France.
 

La performance d’ensemble rejaillit sur chacun
À tous ces niveaux, la théorie du lotissement opère. Et comme la performance d’ensemble rejaillit sur chacune des maisons, tout ce qui peut affaiblir une maison, parce qu’elle affaiblit la performance d’ensemble, affaiblit dans le même temps la maison voisine.

Si une maison appartient à plusieurs lotissements, tous les lotissements ne comptent pas le même nombre d’emboîtements. Dit autrement, il y a bien une limite. Et même si, dans l’absolu, plutôt que nous quereller dans notre pré hexagonal et sans cesse vouloir passer la neige au tamis, je considère que nous devrions bâtir le plus beau lotissement " France " pour la ville " Monde ", admettons donc ici que cette limite, ce peut être la France.

Si je prends pour limite la France, et que je considère les grandes écoles dans un domaine d’enseignement et de recherche bien précis avec pour lotissements de niveau 1 les grandes écoles à l’échelle d’une région, cela veut dire, par exemple, que le lotissement de niveau 2, le lotissement France – c’est-à-dire l’ensemble des lotissements de niveau 1 ou régionaux – constituera mon dernier emboîtement. Si je décide de m’arrêter là, je mesure la compétitivité des grandes écoles françaises dans un domaine d’enseignement et de recherche bien précis sur la scène internationale.

La limite peut-être à l’échelle de l’Europe. Ainsi, si je considère les établissements d’enseignement supérieur, je peux prendre pour lotissement de niveau 1 les établissements d’enseignement supérieur à l’échelle locale, puis en lotissement de niveau 2 les établissements à l’échelle régionale, puis en lotissement de niveau 3, les établissements à l’échelle nationale. Je peux alors choisir de m’inscrire dans un lotissement de niveau encore supérieur, un lotissement de niveau 4, à l’échelle cette fois européenne. Dès lors, parce que je prends en considération l’enseignement supérieur et la recherche des différents pays européens, je peux mesurer au niveau mondial la compétitivité de l’enseignement supérieur et de la recherche en Europe.
 

Et la compétition dans tout ça ?
Dans le premier cas, si je m’arrête à la France, ce qui m’importe c’est bien la compétitivité de la France à l’échelle internationale – compétitivité ici de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans le second cas, si je choisis l’Europe, ce qui m’importe, c’est bien la compétitivité de l’Europe dans le monde.

La théorie du lotissement ne gomme pas la compétition. Elle ne s’exonère pas du principe de réalité. Elle remet la compétition à sa juste place, le plus souvent à l’échelle de la Nation. Ce qui compte, si je reprends l’exemple de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce n’est pas de savoir qui, de la maison " grandes écoles " ou de la maison " universités ", est la plus forte, ce qui importe c’est que l’ensemble, le lotissement " enseignement supérieur et recherche ", soit le plus fort possible à l’échelle de la Nation.

Pour la compétitivité de la France.
À entendre : pour la place de la France dans le monde.

Ainsi se définit un intérêt général, bien au-delà de nos intérêts particuliers – et de leur maximisation – d’ailleurs très mal compris dès lors qu’ils ne s’inscrivent pas dans cet intérêt plus grand qui nous dépasse tous. Un intérêt plus grand qui s’inscrit, lui, dans la durabilité, la pérennité d’un avenir que nous voulons ouvert.

Dire que c’est bien le lotissement France qui, à l’intérieur de la ville Monde, doit briller, dire que la juste compétition doit se jouer au niveau de la Nation, n’interdit nullement, bien au contraire, qu’à tous les niveaux de lotissements, tous travaillent à avoir la plus belle maison. Simplement, et c’est ce que dit la théorie du lotissement, cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix. Cela doit se faire par la création de valeur pour sa propre maison, et non par la destruction de valeur de la maison du voisin. Cela doit se faire par une volonté de niveler par le haut et non par une volonté de niveler par le bas. Cela doit se faire par un comportement responsable, non en cotisant aux plaisirs bon marché de l’irresponsabilité.

La théorie du lotissement réfère à une forme d’éthique. L’éthique de responsabilité. Une responsabilité plus seulement définie par ma capacité à assumer la conséquence de mes actes, mais une responsabilité qui se définit également dans ma relation aux autres.  
 

Faire " du bon bateau "
La compétition entre maisons doit être digne, elle doit élever. Il s’agit de tout mettre en œuvre pour faire au mieux de mes capacités. Et non d’agir avec pour seule ambition de vouloir dépasser l’autre. Qu’importe qu’à l’arrivée je sois devant, je sois derrière. Si chacune des maisons a œuvré à être la plus belle possible – ce qui est un grand dessein – et non pas à être seulement plus belle que l’autre – ce qui est un dessein médiocre –, alors les deux maisons, parce qu’elles seront les plus belles possibles, auront créé de la valeur pour tout le lotissement. Ce qui importe, comme le disait Tabarly, c’est de faire du " bon bateau " : mener son équipage, son embarcation, au maximum de ce qu’il est possible de faire.

Mieux, et c’est aussi ce que dit la théorie du lotissement : dans l’absolu, quel que soit le niveau de lotissement auquel nous appartenons, si l’on veut que celui-ci soit le plus performant possible, bien sûr il me faut travailler à ma propre maison, mais tout autant, parce que j’ai tellement intérêt à ce que la maison du voisin soit la plus belle possible, car cela crée de la valeur pour tous et donc pour ma propre maison, il me faut apprendre à travailler pour la maison du voisin. Créer une atmosphère de confiance avec la maison voisine. Repenser l’altérité, être dans la considération de l’autre. S’il le faut même, accepter de prendre un peu de son fardeau.
Apprendre à inverser nos modes de pensée, et aider l’autre à devenir plus grand. Et même plus grand que soi. Apprendre, non plus à plaider, mais à aider ; apprendre, non plus à asséner des coups, mais à donner des coups de main ; non plus à manipuler mais à aimer ; apprendre, non plus à dissimuler, mais à mettre à jour les bonnes pratiques pour les partager.

Aussi, et maintenant que l’on voit un peu mieux ce qu’est la théorie du lotissement, comment elle opère dans un domaine avec des acteurs – ou des maisons – à une certaine échelle, puis, dans un même domaine mais avec des acteurs différents – ou d’autres maisons – et à une autre échelle ; que l’on comprend qu’un lotissement peut à lui seul être une grande maison, qui elle-même va se trouver dans un lotissement d’un niveau supérieur avec d’autres grandes maisons nées elles aussi de premiers lotissements, on peut ainsi se demander pourquoi ce qui relève du bon sens – à savoir souhaiter voisiner avec les plus belles maisons possibles, et aller jusqu'à tout mettre en œuvre pour aider l’autre, car cela crée de la valeur pour sa propre maison – n’est que rarement observé dans la réalité.

Théorie du lotissement et Ethique de la responsabilité (Suite de la 2° partie de l'article )

Présentation de l'auteur

Loïck Roche, ESSEC, Dr en psychologie, Dr en philosophie, HDR en sciences de gestion, AMP Harvard Business School. Dean et Directeur général de GEM, président du Chapitre des grandes écoles de management (élu en 2014, réélu en 2016). Spécialiste du leadership & du management. Conférencier, auteur ou coauteur de 30 ouvrages et essais. À l’origine en France, avec John Sadowsky, du concept de Slow Management. Créateur de La Théorie du Lotissement (PUG - 2016)

https://fr.linkedin.com/in/loickroche
 

Référence


La théorie du lotissement : ambition & signature du bien vivre-ensemble


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