" Les besoins de l’homme constituent le moteur de toute activité économique. "
" La loi du moindre effort n’est pas précisément la répugnance à l’effort mais la sage économie de l’effort, c’est-à-dire la meilleure utilisation du temps et du travail. "
" L’échange est une pesée et qui se fait aussi à la balance, chacun des coéchangistes, dans son for intérieur, pèse ce qu’il doit céder contre ce qu’il veut acquérir et se détermine selon que ceci ou cela lui paraît plus lourd ou plus léger. On s’exprime donc bien quand on dit que la valeur d’échange d’une chose est mesurée par la quantité d’autres choses contre laquelle elle peut s’échanger; ou, plus brièvement, par son pouvoir d’acquisition. "
" L’argent peut remplacer toute autre richesse puisqu’il suffit de le posséder pour se procurer tout ce que l’on peut souhaiter. C’est la lampe d’Aladin et parfois, comme pour celle-ci, les génies eux-mêmes sont ses serviteurs. "
" La monnaie, en dehors de cette qualité d’être le seul instrument d’acquisition direct, en possède une autre fort importante : elle est le seul instrument de libération. Il n’est aucune autre richesse qui jouisse de cette vertu singulière, car la loi, comme l’usage, ne reconnaît d’autre mode de libération que la monnaie. "
" Tout besoin, tant qu’il n’est pas satisfait engendre donc chez l’être vivant une excitation qui cherche son objet et qui, dès que celui-ci est trouvé, devient un désir. Ce désir suscite à son tour l’effort nécessaire pour se procurer l’objet propre à la satisfaire. Et parce que l’effort est toujours plus ou moins pénible, l’homme s’ingénie à obtenir le maximum de satisfaction avec le minimum d’effort. Cette « loi du moindre effort », […] est la base de toute science économique – et de l’industrie aussi, puisque toute découverte mécanique, tout perfectionnement dans l’organisation, dérivent de ce principe. "
" La rareté, à elle seule, ne serait pas suffisante pour créer la valeur, car si rare que soit une chose et fût-elle même unique au monde, si elle ne peut servir à rien il est clair qu’elle ne vaudra rien. "
" Ce qu’il faudrait dire plutôt c’est que les maux dont on se plaint n’ont rien de spécial aux machines. Tout progrès économique, qu’il s’agisse d’invention mécanique ou de mode nouveau d’organisation du travail, ne peut avoir pour effet que de rendre inutile une certaine quantité de travail. Tel est l’effet de ce qu’on appelle d’un nom, si souvent répété depuis peu, la « rationalisation du travail », c’est-à-dire une organisation plus économique de la main-d’œuvre. "
" Le capital n’est lui-même qu’un produit du travail et de la nature. "
" Ce qu’on appelle une loi économique, alors même qu’elle paraît avoir pour objet les choses, s’applique en réalité aux hommes. Dire qu’une chose quelconque hausse de prix, cela veut dire que les hommes ont quelque motif pour la désirer davantage. "
" L’Economie sociale étudie plutôt les relations volontaires que les hommes créent entre eux, […] en vue d’améliorer leur condition. Elle se propose de rechercher et d’apprécier les meilleurs moyens pour atteindre cette fin. "
" L’Economie politique pure étudie les rapports spontanés qui se forment entre des hommes vivant en masse, comme elle étudierait les rapports qui se forment entre des corps quelconques. Elle ne se propose pas de les juger, pas plus au point de vue moral qu’au point e vue pratique, mais seulement d’expliquer ce qu’ils sont. Par là, elle déclare se constituer comme science exacte et même prétend pouvoir employer la méthode mathématique. "
" L’Economie politique appliquée indique les meilleurs moyens pratiques d’accroître la richesse d’un pays – tels que banques, chemins de fer, systèmes monétaires ou commerciaux, etc. "
" Il est vrai qu’il serait absurde de vouloir prédire à l’avance les faits et gestes de Pierre ou de Paul : mais cela n’a aucun intérêt pour l’économiste. Il n’est pas un diseur de bonne aventure. La seule chose qui lui importe pour formuler ses lois, comme pour fonder ses institutions, c’est la conduite des hommes considérés en masse. "
" Pour réaliser ses fins, et principalement pour satisfaire aux nécessités de son existence, tout être qui vit est forcé d’accomplir un certain travail. La graine elle-même fait effort pour soulever la croûte de terre durcie qui la recouvre et venir respirer l’air et la lumière. L’huître, attachée à son banc, ouvre et referme ses écailles pour puiser dans le liquide qui la baigne les éléments nourriciers. L’araignée tisse sa toile. Le renard et le loup vont en chasse. Comment l’homme échapperait-il à la loi commune ? Lui aussi doit faire des efforts persévérants pour suffire à ses besoins. Cet effort, inconscient dans la plante, instinctif dans l’animal devient chez l’homme un acte réfléchi et prend le nom de travail. "
" Tout capital fixe s’use plus ou moins rapidement, par l’usage, et même plus encore quand on n’en use pas ! "
" C’est du capitaliste qu’on peut dire qu’il joue le rôle d’agent de la production, mais dire que le capital est un facteur nécessaire de la production, c’est constater simplement le fait qu’aucune richesse ne peut être produite sans le concours d’une autre richesse préexistante. Or c’est là un fait économique d’une importance telle qu’on ne saurait certes l’exagérer. […] nulle richesse ne peut être produite, dans les conditions économiques normales, sans la présence d’une certaine portion de richesse préexistante qui joue le rôle d’amorce. Il faut bien donner un nom à cette richesse préexistante dont la fonction est si caractéristique. Nous lui donnons celui du capital. "
" Le soi-disant produit du capital n’est jamais que le produit d’un travail quelconque – parfois du travail de son possesseur, mais très fréquemment aussi, dans nos sociétés, le produit du travail d’autrui. Il n’en résulte pas nécessairement que le prélèvement du capital soit toujours une spoliation, comme se hâtent trop de l’affirmer les socialistes. Cela arrive assurément ! Mais normalement, étant donné le régime social de la division du travail et de l’échange, chacun est appelé à vivre du travail d’autrui. "
" N’oublions pas que « la demande » ne vient pas directement des consommateurs mais presque toujours des intermédiaires, parfois des spéculateurs : c’est donc une demande fondée non sur des besoins réels et présents mais sur des besoins à venir qui ne se réaliseront peut-être jamais. En fait, la rupture d’équilibre, soit par excès, soit par insuffisance, est très fréquente : c’est ce qu’on nomme une crise économique. "
" En somme donc, la théorie des débouchés tend simplement à prouver que l’excès de production n’est jamais un mal toutes les fois que l’accroissement de la production s’opère simultanément et proportionnellement dans toutes les branches. En effet, dans ce cas, les rapports entre les quantités échangées n’étant pas modifiés, l’équilibre économique ne sera pas troublé. "
" Si les cycles économiques étaient aussi réguliers que ceux de l’ordre astronomique, la prévision serait facile, mais nous avons vu que tel n’est pas le cas. Aussi est-ce une des grandes préoccupations des économistes et financiers que de chercher à prévoir les crises et, si possible, à les prévenir. À cet effet, on a créé par tous pays des institutions pour découvrir, rassembler et publier tous les faits symptomatiques de crise. Ce sont comme des Bureaux de météorologie économique, semblables à ceux dont les bulletins quotidiens sont publiés aussi dans les journaux et qui annoncent l’arrivée d’une " dépression ", ou d’un " cyclone ". "
" On ne se contente pas de prévoir – on veut prévenir. Évidemment si l’on pense que toute crise implique un désordre et des conséquences fâcheuses, alors la recherche d’un remède s’impose. Ce serait déjà un remède efficace si l’on réussissait à constituer une science des crises assez exactes pour permettre d’en prévoir le retour à date fixe, car il est permis de croire qu’une crise prévue et en quelque sorte escomptée se trouverait par là même évitée, ou tout au moins très amortie. Encore ne faut-il point s’y fier, car il arrive souvent que la peur d’un mal a précisément pour effet d’évoquer ce mal ! "
" Si l’on se demande quels sont les effets de la loi de concentration au point de vue social – soit pour les consommateurs, soit pour les ouvriers – il faut répondre que, somme toute, ils sont favorables. "
" Dans son sens le plus large, la rationalisation c’est l’Économie elle-même, c’est l’application de la loi du moindre effort pour le maximum de satisfaction; économie de la matière première du travail, du temps surtout. "
" Il y a des économistes qui pensent que la société anonyme est destinée non seulement à devenir le mode type de toutes les entreprises, mais encore à s’étendre à tous les domaines de l’activité humaine. Nous ne saurions nous résigner à y voir la forme de l’avenir : sa caractéristique, qui est de n’associer que des capitaux et non des individualités et de supprimer presque toute responsabilité, constitue bien une supériorité au point de vue économique, mais c’est une infériorité au point de vue moral et social. "
" La société par actions a généralement un autre caractère qui sert également à la qualifier : elle est anonyme, ce qui veut dire qu’elle n’est point une association de personnes. Sans doute, ces capitaux ont des propriétaires, mais on ne s’occupe pas d’eux. Encore pourrait-on connaître leurs noms quand les actions sont nominatives, mais si elles sont au porteur, ce qui devient de plus en plus fréquent, l’anonymat est complet. C’est la perfection de l’association capitaliste : ce n’est plus une association d’hommes, mais une association de sacs d’écus. "
" Le crédit n’est qu’un élargissement de l’échange – un échange dans le temps au lieu d’être dans l’espace. On peut le définir l’échange d’une richesse présente contre une richesse future. "
" Les banquiers sont des commerçants tout comme les autres. Les commerçants opèrent sur des marchandises : les banquiers opèrent sur le capital circulant représenté par ses titres de crédit ou du numéraire. "
" Le vrai critérium du socialisme, tel qu’il résulte notamment de la théorie marxiste sur la plus-value, c’est l’affirmation que la richesse des uns est prise sur le travail des autres. Or, si cette thèse est malheureusement fondée dans un grand nombre de cas, nous ne la croyons pas vraie dans l’ensemble. Je ne dirai pas, en sens inverse, que toute richesse est due au travail ou à l’initiative de son possesseur, tant s’en faut ! Mais elle est due le plus souvent à des circonstances heureuses, à des conjonctures, dont il a su profiter. "