Economie (304)

Le Nouvel Esprit du capitalisme


Les auteurs observent que le capitalisme suscite deux types de critiques : la critique " sociale ", qui s’inscrit dans la lutte contre les inégalités provoquées par la poursuite des intérêts particuliers ; la critique " artiste ", qui dénonce l’" inauthenticité " de la société marchande et la limitation des capacités créatives de l’individu. Afin de faire face aux critiques à l’encontre d’un " capitalisme monopolistique et bureaucratique ", les consultants et les dirigeants d’entreprise ont récupéré les thèmes de la critique " artiste ", et promu le " réseau " et le lean management comme nouveaux modèles emblématiques du capitalisme. Le cadre est devenu un coach, les salariés travaillent dans des " organisations flexibles " où " l’intuition créatrice est libérée dans la réalisation de projets ". Le salarié se doit d’être mobile, flexible, disponible, convivial, charismatique… En fait, l’externalisation des contrats de travail, la réduction des coûts (y compris sociaux) et la multiplication des contraintes induites par la flexibilité entraînent une exploitation des "  immobiles  " (ouvriers, bassins d’emploi, nations) par les " mobiles " (marchés financiers, firmes multinationales, consommateurs…). La pensée de Boltanski et de Chiapello s’inspire de la sociologie compréhensive germano-américaine (Max Weber, Georg Simmel…) et de la socio-économie de l’innovation (Michel Callon, Bruno Latour, Laurent Thévenot…). 
 
Boltanski et Chiapello construisent une " sociologie morale " de l’action, en observant les valeurs mobilisées par les acteurs socio-économiques au cours de conflits. Dans Le Nouvel Esprit du capitalisme, ils montrent que ce sont les valeurs dominantes du capitalisme des années 1960 à 1980 qui lui ont permis d’affirmer sa légitimité auprès de la société, mais que l’évolution des mentalités impose une adaptation des formes dominantes du capitalisme.
 


Source : Cercle Turgot
 

Lu 307 fois
4TM