Résumé :
Quand on revient de la campagne immobile, où chaque chose semble fermée sur soi et existant pour soi, la tremblante bordure de l'eau marine signifie quelque chose. Car elle ne cesse point d'avancer et de reculer, dessinant des îles et presqu'îles, couvrant et découvrant, selon vent et marée. Toutes les choses sont en une ; toute la mer pousse et retient l'extrême et la plus petite vague, et la lune même qui s'y mire y joue autrement qu'en image, par son poids invisible. Ainsi, contemplant l'océan sans mémoire, nous voulons effacer le temps, penser tout à neuf, et agir à neuf, comme au temps des cavernes. Car le sillage n'écrit rien ; et, après la tempête, la mer est la même, et neuve toujours. Mais, au contraire, comment lire tous ces signes sur la terre, et ces signes encore au-dessous ? Ici mémoire nous tient. Ici le destin est écrit.
L'homme est d'eau et de roc. Par l'eau il rajeunit, par le roc il vieillit. Or il choisit trop de vieillir. Mais Thalès, fort sagement, disait que toutes choses sont faites d'eau. J'entends que ce géomètre, mieux assuré de l'immobile, voyait couler aussi les montagnes. Ainsi réveillant à elle-même sa nature océanique, l'Ionien se voulait garder fluide et oublieux. Et certes on peut bien dire que le solide a soutenu d'abord la géométrie ; mais c'est le fluide qui l'a confirmée... " - Alain -
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L'homme est d'eau et de roc. Par l'eau il rajeunit, par le roc il vieillit. Or il choisit trop de vieillir. Mais Thalès, fort sagement, disait que toutes choses sont faites d'eau. J'entends que ce géomètre, mieux assuré de l'immobile, voyait couler aussi les montagnes. Ainsi réveillant à elle-même sa nature océanique, l'Ionien se voulait garder fluide et oublieux. Et certes on peut bien dire que le solide a soutenu d'abord la géométrie ; mais c'est le fluide qui l'a confirmée... " - Alain -
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