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Les 4 Temps du Management

Philosophie (360)

Un miroir chinois

Auteur :
Florence Ayscough


Résumé :

Un miroir en Chine n’est pas simplement une surface de verre, à dos de mercure, et dont le but pratique est de réfléchir dans leur perfection les adorables traits d’un visage de femme ; on s’en sert, évidemment, pour d’aimables contemplations, mais, outre cet usage, un miroir a des attributions plus élevées.
Ses pouvoirs supposés nous sont révélés de la manière suivante dans le Po Kou Tou Lou, un ancien livre chinois écrit au début du douzième siècle :

" Dans les jours d’antan, l’Empereur Jaune, souverain auguste, fit fondre du métal précieux et en fit des vaisseaux imprégnés des divines influences qui révèlent à l’homme toutes choses transcendantes. Parmi ces vaisseaux se trouvaient des miroirs, quinze en tout, pour lesquels il choisit les essences vitales de Yin, principe des Ténèbres, et de Yang principe de la Lumière ; et il incorpora en parts égales les pouvoirs créateurs du ciel et de la terre.

" Voilà pourquoi l’éclat des miroirs représenta la lumière combinée du soleil et de la lune ; et ils transmirent les desseins des puissances souterraines et des esprits célestes. Ils protégèrent des démons à face d’homme et au corps de bête et ils écartèrent la méchante créature à quatre pieds qui vit dans la forêt et dont le visage ressemble à celui d’un être humain.

" Outre cela, les miroirs guérirent les maladies.
Le miroir moderne à verre plat a même le don présumé de transformer en bien les influences mauvaises, et son prédécesseur de métal devait, dans la profondeur de sa perspective, dévoiler la pure réalité se cachant derrière toute image projetée à sa surface. C’est un peu le rôle de ce dernier miroir que je vais tâcher de jouer vis-à-vis du lecteur, en exposant dans ce livre certaines réalités de la vie chinoise, telles qu’elles se sont manifestées à moi pendant ce dernier quart de siècle.

La Chine est un pays de " contre-balance ". Ses habitants pensent en termes de compensation et sa philosophie est basée sur la croyance en l’intervention efficace de deux essences qui sont appelées Yang et Yin. Yang correspond à la lumière, aux montagnes, au soleil et à la virilité en général ; tandis que Yin correspond aux ténèbres, à l’eau, à la lune et à tout ce qui est faible. Dans l’idée chinoise, un parfait ensemble consiste en la fusion complète des deux essences. Les expressions courantes de la vie quotidienne manifestent cet amour de contrepoids. Si on s’enquiert de la grandeur d’une chose quelconque, on demande combien " grande-petite " cette chose peut être ; si c’est de sa longueur, combien " longue-courte ", et si c’est de son poids, on se renseigne s’il est " lourd-léger ".

Ainsi donc, le contrepoids et l’équilibre sont peut-être les plus typiques de toutes les caractéristiques chinoises. Or, en général, la compréhension des Occidentaux à l’égard de la Chine ne remplit aucune des conditions nécessaires pour former un ensemble parfait, car elle manque totalement de contre-poids.

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