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Actualités du Management

Les salariés de florange craignent la mort lente de leur usine

La direction de l'aciérie ArcelorMittal de Florange a annoncé mardi que la filière liquide du site, à l'arrêt depuis octobre 2011, ne redémarrerait pas au deuxième trimestre de cette année. Une nouvelle étape vers la fin programmée de l'usine, estiment les syndicats.

L'arrêt des hauts fourneaux était annoncé comme provisoire. Pourtant, il s'éternise. Et les syndicats de l'usine ArcelorMittal de Florange, en Moselle, tirent le signal d'alarme à deux mois de l'élection présidentielle sur les risques de fermeture du site. La direction a confirmé mardi à l'intersyndicale qu'aucun redémarrage des fourneaux n'était prévu avant la fin de 2012, et que la situation actuelle, qui se traduit par du chômage partiel pour 2600 des 5000 employés du site durerait au moins jusqu'à la fin du deuxième trimestre et pourrait se poursuivre sur l'ensemble de l'année, a dit la CFDT.

En octobre, le directeur du site de Florange, Thierry Renaudin, avait affirmé que la "mise en veille" du haut fourneau P6 était "conjoncturelle". Et ce fameux "P6" cristallise aujourd'hui toutes les inquiétudes et les derniers espoirs des salariés : il est le dernier du groupe sidérurgique encore en activité en Lorraine. Et il doit être en activité pour recevoir un projet européen Ulcos de captage de CO2, représentant un investissement de quelque 600 millions d'euros et sur lequel la Commission européenne doit statuer en juin-juillet. Les syndicats estiment que seul ce projet, qui ferait de Florange un site pilote pour la capture et le stockage de CO2 dans le sol, garantirait l'avenir. Mais le contexte ne laisse que peu d'ouvertures pour les salariés : après avoir décidé fin 2011 la fermeture définitive de ses hauts fourneaux de Liège en Belgique et la mise à l'arrêt de ceux de Florange et d'Eisenhüttenstadt, en Allemagne, ArcelorMittal a annoncé en janvier des suppressions d'emploi en Pologne et la fermeture de son aciérie de Madrid.

Et la direction a confirmé mercredi qu'elle allait présenter le 23 février aux représentants du personnel un projet de prolongation de la fermeture temporaire du site pour le deuxième trimestre. "Le projet qui sera présenté au comité (central d'entreprise, ndlr) du 23 février 2012 porte sur la prolongation de la suspension temporaire d'une partie des installations de Florange, pour le deuxième trimestre de l'année 2012 ainsi que sur le maintien de l'ensemble des mesures permettant le redémarrage des installations lorsque les conditions de marché le permettront", indique-t-elle dans une déclaration écrite.

"Nous ne serons pas les Grecs de la métallurgie"

Pour Edouard Martin, membre CFDT du comité central d'entreprise du numéro un mondial de l'acier, "cette annonce, c'est peut-être la mort programmée du site de Florange". "Lorsque le P6 avait été mis à l'arrêt, la direction avait affirmé que cette fermeture ne serait que provisoire. On comprend mieux maintenant comment celle-ci s'inscrit dans une stratégie globale d'ArcelorMittal pour rentabiliser ses sites côtiers", a-t-il ajouté. "Nous ne serons pas les Grecs de la métallurgie française", a prévenu le syndicaliste, en annonçant une mobilisation "tous azimuts". Une assemblée générale a été convoquée jeudi à 16h30 à Florange, a-t-il annoncé. "On ne va pas se laisser tuer en silence. On peut agir jusqu'en mai. Après, c'est rideau", a renchéri Frédéric Weber, responsable cédédiste du site, jugeant que "les politiques doivent mouiller leur chemise comme pour le fabricant de lingerie Lejaby".

"L'arrêt prolongé de l'outil (...) cache mal les véritables intentions d'ArcelorMittal, à savoir un arrêt définitif des installations (de Florange, ndlr) après les échéances électorales", a pour sa part jugé le maire de Florange, Philippe Tarillon. Selon lui, "il est temps que ce groupe, qui a annoncé un résultat net de 2,3 milliards de dollars (environ 1,69 milliard d'euros) pour 2011, arrête son comportement de prédateur financier et industriel et que l'Etat (...) oeuvre pour la ré-industrialisation de la vallée de la Fensch".