​Dialoguer pour faire autorité : une évolution nécessaire des modes de management

Au cœur des mutations profondes que connaissent nos sociétés, le management déploie de nouvelles pratiques pour répondre aux attentes des collaborateurs et aux exigences des organisations. Nous assistons aujourd’hui à un basculement fondamental dans la manière d’exercer l’autorité : de l’autorité disciplinaire, fondée sur le contrôle et la sanction, vers une autorité délibérante, construite dans le dialogue et la reconnaissance mutuelle.

De l’autorité disciplinaire à l’autorité délibérante

L’autorité disciplinaire, qui a longtemps prévalu dans les organisations, repose sur une structure hiérarchique verticale et des mécanismes coercitifs. Ce modèle, adapté à des contextes de production industrielle et de contrôle des processus, montre aujourd’hui ses limites dans un monde où l’innovation, l’adaptabilité et la créativité deviennent des compétences stratégiques.

L’autorité délibérante, quant à elle, s’inscrit dans une logique de participation et de co-construction. Elle ne se limite plus à commander, mais invite à dialoguer. Le manager n’est plus uniquement celui qui impose des règles, mais celui qui mobilise les intelligences collectives, facilite les échanges et crée un espace sécurisant pour permettre l’expression des idées. Cette transformation de l’exercice de l’autorité implique un nouveau rapport au pouvoir : un pouvoir distribué et accepté, parce qu’il est perçu comme légitime et construit sur des bases partagées.

Le dialogue, clé de voûte d’une autorité renouvelée

Dans ce nouveau paradigme, le dialogue occupe une place centrale. Il s’agit de donner à chacun la possibilité de contribuer, d’exprimer ses attentes et ses préoccupations, mais également de s’approprier les décisions prises collectivement. Ce mode de fonctionnement présente plusieurs avantages :

Favoriser l’engagement : en impliquant les collaborateurs dans les décisions, on renforce leur sentiment d’appartenance et leur motivation.

Renforcer la créativité et l’innovation : le dialogue ouvre la voie à des idées nouvelles en valorisant la diversité des perspectives.

Désamorcer les conflits : une communication ouverte permet de traiter les tensions en amont et d’éviter leur escalade.

Des managers au service de la facilitation

Pour incarner ce changement, les managers doivent se réinventer en tant que facilitateurs. Leur rôle évolue : ils ne sont plus uniquement des détenteurs d’une autorité formelle, mais des médiateurs capables de créer les conditions d’une collaboration fructueuse. Cela passe par :

L’écoute active : comprendre les besoins et les attentes des collaborateurs.

La transparence : partager les informations nécessaires pour favoriser une compréhension commune des enjeux.

L’émancipation : encourager l’autonomie et la responsabilité des équipes.


Un défi à relever collectivement

Passer de l’autorité disciplinaire à l’autorité délibérante n’est pas un processus immédiat. Il nécessite un engagement réciproque, une capacité à remettre en question des pratiques bien ancrées et la volonté de développer des compétences relationnelles. Toutefois, cette évolution est une opportunité de redéfinir les bases du travail en commun, en réconciliant autorité et liberté, discipline et créativité.

Dans un monde de plus en plus complexe et incertain, dialoguer pour faire autorité n’est pas seulement une exigence managériale. C’est un projet sociétal qui invite chacun à prendre part à la construction d’organisations plus humaines et plus résilientes