2. L'intensité du travail s'est accrue avec le développement des logiques de productivité
Parallèlement à cette intensification du travail d'autres travaux mettent clairement en évidence que des progrès importants ont été réalisés au niveau de la productivité.
Dans un marché mondialisé hyperconcurrentiel, les entreprises subissent des baisses de rentabilité sensibles, ce qui les pousse à vouloir augmenter leur volume pour compenser cette érosion progressive. Cette solution à court terme s'est avérée impuissante à régler le problème dans la mesure où nous sommes rentrés dans une mutation des modèles sans précédent du fait de l'émergence de nouvelles puissances économiques comme la Chine (nouvel atelier du monde) et l'Inde, en particulier.
Pour compenser les pertes de Valeur Ajoutée, il a fallu trouver des solutions. Celles qui ont été valorisées se sont inscrites dans la recherche d'une amélioration constante de la productivité du travail : faire plus avec moins. Certains directeurs financiers ont également complété cette perte de rentabilité en plaçant en bourse une partie de leur trésorerie.
On constate qu'à la même période, les pouvoirs publics encouragent les entrepreneurs à développer leur productivité pour améliorer leur rentabilité. Les aides institutionnelles encouragent la mise en place de démarches productivistes en intervenant également au niveau de la baisse des charges sociales dans l'espoir de préserver les emplois.
Cette stratégie a permis de maintenir et même d'accroitre nos marges jusqu'en 1995. Cependant elle a posé certains problèmes qui sur le long terme pourraient s'avérer fâcheux :
- 1° La Valeur créée est inégalement répartie entre les efforts du Travail et le Capital (qui paradoxalement a diminué ses investissements)
- 2° Globalement avec cette formule, notre compétitivité a régressé selon le classement de l'IMD
- 3° Les taux de chômage et de pauvreté ont également progressé de façon significative
- 4° Cette démarche a contribué à maintenir une illusion sur la pertinence de notre paradigme de compétitivité.
Cette rapide analyse met en évidence que les 3 facteurs intensité du travail, développement des logiques gestionnaires de rentabilité et perte de compétitivité des entreprises françaises semblent étrangement liée.
L'intensification du travail qui avait à court terme pour but de préserver la valeur ajoutée apparait sur le long terme comme un moyen peu durable. En effet, face à la concurrence des coûts du travail, cette solution devient à l'évidence " intenable ". Il suffit pour le prouver d'observer la montée du thème du stress au travail.
Antoine Valeyre, chargé de recherche, CNRS établit des corrélations intéressantes entre la progression des taux de croissance de la productivité apparente du travail et la baisse relative des frais de personnel. Ces indicateurs permettent de traduire " scientifiquement " la montée de la pression exercée par les organisations sur les salariés.
de cycle de production;- 0,16 Le dernier ratio montre que les entreprises ont tenté de réduire le temps des cycles de production ; ce qui n'est évidemment pas sans conséquences sur l'accroissement du rythme des contraintes. Au final, quand on étudie les courbes de la productivité horaire du travail de 1950 à 2008, on s'aperçoit que la productivité moyenne horaire du travail est globalement plus forte entre 1950 et 1985 et que celle-ci s'essouffle malgré les efforts décrits ci - dessus. Cette tendance à la baisse est encore plus sensible entre 2005 et 2008 Deux hypothèses permettent d'expliquer cette tendance : - soit les salariés sont moins efficients dans leur travail ; - soit la valeur ajoutée produite globalement régresse parce que les produits ou services fabriqués et vendus ont moins de marge. La première hypothèse est difficilement acceptable car durant cette même période, les salariés affirment connaître une réelle intensification du travail. La dernière enquête de la CGC - CFE le confirme. Nous pouvons donc faire le constat suivant: Depuis 1985, l'intensification du travail ne contribue pas à créer plus de valeur. Si ce n’est donc plus la quantité d'heures travaillées qui permet de créer plus de richesses, c'est qu'à l'évidence nous avons changé de paradigme. La valeur crée dépend progressivement de moins en moins de stratégie basée sur les économies d'échelle et de plus en plus d'un autre modèle que nous avons appelé en son temps " la compétitivité hors prix ". Cette intuition se trouve aujourd'hui vérifiée par une analyse économique du Travail. Si nous voulons redonner au Travail la même place que celle qu'il occupait avant, il est nécessaire que celui-ci soit davantage associé à la notion de création de Valeur Ajoutée. Cette affirmation se trouve également vérifiée par les statistiques de l'Insee : la Valeur Ajoutée de la production entre 2007 et 2009 a régressé de 4,1% en valeur (et 2,5% en volume...chiffre publié habituellement). On notera également qu'entre 1970 et 2000, le partage de la VA s'est fait de moins en moins au bénéfice des salariés puisque la part des salaires est passée de 70,3% à 63,7% (Timbeau, Revue de l'OFCE n°80) tandis que les revenus du capital connaissait une croissance de 35%. La solution qui a consisté ces derniers années à tenter de produire plus avec moins de ressources est une conception qui pose problème sur le long terme car elle entraîne un épuisement des ressources (humaines...), une perte de rentabilité et une fragilisation face à la concurrence des pays à bas coûts de main d'oeuvre qui sont devenus les ateliers du monde. Nous avons donc bien changé de paradigme et la question d'aujourd’hui c'est de tenter de créer plus de richesses en travaillant moins mais plus intelligemment. Page suivante
Dans un marché mondialisé hyperconcurrentiel, les entreprises subissent des baisses de rentabilité sensibles, ce qui les pousse à vouloir augmenter leur volume pour compenser cette érosion progressive. Cette solution à court terme s'est avérée impuissante à régler le problème dans la mesure où nous sommes rentrés dans une mutation des modèles sans précédent du fait de l'émergence de nouvelles puissances économiques comme la Chine (nouvel atelier du monde) et l'Inde, en particulier.
Pour compenser les pertes de Valeur Ajoutée, il a fallu trouver des solutions. Celles qui ont été valorisées se sont inscrites dans la recherche d'une amélioration constante de la productivité du travail : faire plus avec moins. Certains directeurs financiers ont également complété cette perte de rentabilité en plaçant en bourse une partie de leur trésorerie.
On constate qu'à la même période, les pouvoirs publics encouragent les entrepreneurs à développer leur productivité pour améliorer leur rentabilité. Les aides institutionnelles encouragent la mise en place de démarches productivistes en intervenant également au niveau de la baisse des charges sociales dans l'espoir de préserver les emplois.
Cette stratégie a permis de maintenir et même d'accroitre nos marges jusqu'en 1995. Cependant elle a posé certains problèmes qui sur le long terme pourraient s'avérer fâcheux :
- 1° La Valeur créée est inégalement répartie entre les efforts du Travail et le Capital (qui paradoxalement a diminué ses investissements)
- 2° Globalement avec cette formule, notre compétitivité a régressé selon le classement de l'IMD
- 3° Les taux de chômage et de pauvreté ont également progressé de façon significative
- 4° Cette démarche a contribué à maintenir une illusion sur la pertinence de notre paradigme de compétitivité.
Cette rapide analyse met en évidence que les 3 facteurs intensité du travail, développement des logiques gestionnaires de rentabilité et perte de compétitivité des entreprises françaises semblent étrangement liée.
L'intensification du travail qui avait à court terme pour but de préserver la valeur ajoutée apparait sur le long terme comme un moyen peu durable. En effet, face à la concurrence des coûts du travail, cette solution devient à l'évidence " intenable ". Il suffit pour le prouver d'observer la montée du thème du stress au travail.
Antoine Valeyre, chargé de recherche, CNRS établit des corrélations intéressantes entre la progression des taux de croissance de la productivité apparente du travail et la baisse relative des frais de personnel. Ces indicateurs permettent de traduire " scientifiquement " la montée de la pression exercée par les organisations sur les salariés.