« Tandis que l’ascèse entreprenait de transformer le monde et d’y être agissante, les biens extérieurs de ce monde acquéraient sur les hommes une puissance croissante et finalement inexorable, comme jamais auparavant dans l’histoire. Aujourd’hui, l’esprit de cette ascèse s’est échappé de cette cage […] Dans tous les cas, depuis qu’il repose sur une base mécanique, le capitalisme vainqueur n’a plus besoin de ce soutien. L’idée du ‘devoir professionnel’ erre dans notre vie comme un fantôme des croyances religieuses d’autrefois. Lorsque ‘l’accomplissement de la profession’ ne peut pas être mis en relation directe avec les valeurs spirituelles suprêmes de la culture ou lorsque (ce qui n’est pas l’inverse) il ne peut être perçu, également au plan subjectif, que comme une simple contrainte économique, l’individu renonce généralement, aujourd’hui, à toute interprétation. Aux Etats-Unis, là où elle connaît un déchaînement extrême, la recherche du gain, dépouillée de son sens [éthico-religieux], a tendance aujourd’hui à s’associer à des passions purement agonistiques, qui précisément lui impriment assez souvent le caractère d’un sport. Personne ne sait encore qui, à l’avenir, logera dans cet habitacle ; et si, au terme de ce prodigieux développement, nous verrons surgir des prophètes entièrement nouveaux ou une puissante renaissance de pensées et d’idéaux anciens, voire – si rien de tout cela ne se produit – une pétrification [mécanisée], parée d’une sorte de prétention crispée »
(Max Weber, 1905 : 250-252)
(Max Weber, 1905 : 250-252)