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Un vent de révolte souffle dans les organisations néo-libérales


Tous les textes sont désormais podcastables au format MP3 (Voir en bas de l'article)

Le terme de " néolibéral " est de plus en plus utilisé pour qualifier nos économies, nos organisations et parfois même nos consciences (Pierre Dardot, Christian Laval, 2009).

C'est essentiellement au philosophe anglais du XIXe siècle Herbert Spencer, que nous devons le développement de cette théorie qui propose d’étendre Darwin et son concept de " sélection naturelle " à d’autres champs, notamment sociaux.

La thèse principale du néolibéralisme repose sur le fait que c'est le marché et la libre concurrence qui permettront le développement des économies, des sociétés et des individus. Le rôle de l'Etat n'est pas neutre. Il doit intervenir pour favoriser les conditions de la libre concurrence.

Bourdieu dans un article célèbre " L'essence du néolibéralisme " rédigé dans le Monde Diplomatique en 1998, s'attaque vigoureusement à cette représentation du monde qui place les individus en compétition les uns avec les autres et produit une nouvelle forme d' aliénation : un individu totalement consacré à l'atteinte de ses propres intérêts, incapable de penser le " Bien Commun ". Voici ce qu'il déclare en 1998 de façon prémonitoire dans ce texte :

" La mondialisation des marchés financiers, jointe au progrès des techniques d’information, assure une mobilité sans précédent de capitaux et donne aux investisseurs, soucieux de la rentabilité à court terme de leurs investissements, la possibilité de comparer de manière permanente la rentabilité des plus grandes entreprises et de sanctionner en conséquence les échecs relatifs.

Les entreprises elles-mêmes, placées sous une telle menace permanente, doivent s’ajuster de manière de plus en plus rapide aux exigences des marchés ; cela sous peine, comme l’on dit, de " perdre la confiance des marchés ", et, du même coup, le soutien des actionnaires qui, soucieux d’obtenir une rentabilité à court terme, sont de plus en plus capables d’imposer leur volonté aux managers, de leur fixer des normes, à travers les directions financières, et d’orienter leurs politiques en matière d’embauche, d’emploi et de salaire.

Ainsi s’instaurent le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à durée déterminée ou les intérims et les " plans sociaux " à répétition, et, au sein même de l’entreprise, la concurrence entre filiales autonomes, entre équipes contraintes à la polyvalence et, enfin, entre individus, à travers l’ individualisation de la relation salariale : fixation d’objectifs individuels ; entretiens individuels d’évaluation ; évaluation permanente ; hausses individualisées des salaires ou octroi de primes en fonction de la compétence et du mérite individuels ; carrières individualisées ; stratégies de " responsabilisation " tendant à assurer l’auto-exploitation de certains cadres qui, simples salariés sous forte dépendance hiérarchique, sont en même temps tenus pour responsables de leurs ventes, de leurs produits, de leur succursale, de leur magasin, etc., à la façon d’" indépendants " ; exigence de l’" autocontrôle " qui étend l’" implication " des salariés, selon les techniques du " management participatif ", bien au-delà des emplois de cadres.

Autant de techniques d’assujettissement rationnel qui, tout en imposant le surinvestissement dans le travail, et pas seulement dans les postes de responsabilité, et le travail dans l’urgence, concourent à affaiblir ou à abolir les repères et les solidarités collectives."

L'observation attentive du vécu subjectif des acteurs dans les organisations montre qu'il n'est plus possible de rester sourd à une interrogation plus politique sur les fondements anthropologiques du management moderne.

4 articles témoignent de ce nouveau questionnement dans nos recherches :
1.24 Comment résister au quotidien à la violence des organisations dites néolibérales ?
2.24 Le Manager en action : 10 points clés pour le management d'équipe
3.24 La Valeur Client : Le cas des entreprises du luxe en période de crise
4.24 Acharnement procédural et disparition du sujet

Une dernière précision avant de commencer votre lecture : désormais les textes des articles sont également disponibles en version audio. Vous pouvez donc les écouter en podcast où vous voulez, quand vous voulez. Il suffit de cliquer ou de télécharger le fichier MP3 qui se trouve en fin de page.

Quelques clés pour comprendre le néolibéralisme par Gerard Dumesnil, Directeur de recherche en économie au CNRS


Paul Aries politologue : Les idéologies du management néo-libérale (1)


Paul Aries politologue : Les idéologies du management néo-libérale (2)



 
editorial24.mp3 editorial24.MP3  (755.47 Ko)


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