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Les 4 Temps du Management

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Actualités du Management

Orange,grand perdant de l'offensive Free

L'arrivée sur le marché français de la téléphonie mobile d'un quatrième opérateur, Free, a déjà des effets mesurables pour Orange, qui a vu plonger en moins de deux mois le nombre de ses abonnés. "Au 15 février 2012, la base d'abonnés mobiles d'Orange a baissé de 201.000 abonnés, représentant environ 0,7% de son parc mobile qui comptait plus de 27 millions d'abonnés en France au 31 décembre 2011", a précisé le groupe dans un communiqué diffusé en marge de la publication de ses résultats annuels 2011

L'opérateur explique avoir enregistré 1,038 million de résiliations mobiles vers la concurrence entre le 1er janvier et le 15 février, et acquis 837.000 acquisitions de nouveaux clients sur la même période. Les données correspondantes sur la même période de 2010 n'étaient pas immédiatement disponibles. Orange ajoute que dans les premières 48 heures suivant la commercialisation de l'offre de Free Mobile le 10 janvier, il a constaté "un pic des demandes de RIO" - relevé d'identité opérateur qui permet de demander la portabilité du numéro de téléphone mobile mais "ne correspond pas à une résiliation effective" - à plus de 150.000 en une journée. "Ce chiffre a aujourd'hui été divisé par 10", a-t-il précisé.

L'onde de choc du "séisme Free"

Le groupe a précisé par ailleurs que le "trafic généré par les abonnés de Free mobile pourrait être substantiellement plus élevé que prévu, sans que cela ne nuise à la qualité de service des clients d'Orange", qui a signé un contrat d'itinérance de six ans estimé à 1 milliard d'euros. Ce contrat conclu en mars 2011 permet à Free Mobile d'utiliser le réseau mobile d'Orange en attendant de développer le sien et est devenu un enjeu entre les deux groupes, poussant l'autorité de régulation Arcep à annoncer la semaine dernière son intervention.

Free Mobile, dont l'arrivée a provoqué un séisme dans le secteur et contraint ses concurrents à revoir en partie leurs tarifs, s'est engagé à couvrir 27% de la population avec son propre réseau à son lancement et a signé un contrat d'itinérance avec Orange pour couvrir les trois quarts restants. L'Arcep, après avoir donné son approbation au lancement de Free Mobile estimant que l'opérateur respectait le niveau de déploiement 3G demandé, a finalement décidé fin janvier de vérifier de nouveau que le quatrième opérateur respectait bien ses obligations de couverture. L'Autorité est de nouveau intervenue vendredi dernier pour annoncer qu'elle allait "prochainement" procéder à l'audition conjointe de France Télécom et Free Mobile.

ArcelorMittal: "il est certain que des usines vont fermer"

Le site de Florange, en Lorraine est à l'arrêt, sans date de reprise de l'activité. La direction d'ArcelorMittal explique qu'elle n'a pas assez de demande, les syndicats disent le contraire... Quelle est la situation d'ArcelorMittal aujourd'hui ?

Gilles Le Blanc, professeur d'économie au Cerna, le Centre d'économie industrielle des Mines ParisTech : Ils n'ont pas de vraies difficultés financières, mais l'activité d'acier a toujours été cyclique. Et aujourd'hui s'y ajoute la crise. ArcelorMittal a connu de 2006 à 2008 un haut de cycle avec un volume de production fort et des prix élevés. Ensuite, elle était en bas de cycle et a dû faire face à la crise : les volumes et les prix ont baissé. Et ils ont plus baissé en Europe qu'aux Etats-Unis et dans les pays émergents. La difficulté réside dans l'ajustement de la capacité de production selon le cycle.

Les syndicats tout comme la direction ont en quelque sorte raison, puisqu'au quatrième trimestre, la demande d'acier - et notamment l'acier plat qui est produit à Florange - en Europe a diminué. Mais cette demande doit remonter dans les prochains mois.

La crise en Europe est-elle la seule explication ?

Gilles Le Blanc : Les utilisateurs de l'acier plat sont les secteurs de l'emballage et de l'automobile. Et ce dernier ne va pas au mieux en France.

Concernant l'emballage, comme la production de cannettes, le volume et l'activité ne bougent pas trop, mais les prix ne sont pas très favorables. Et ArcelorMittal a trois sites de production en Europe dans ce domaine et les met en concurrence.

Il y a aussi une spécificité européenne. Alors qu'ArcelorMittal gagne de l'argent au niveau mondial, il perd de l'argent en Europe. C'est dû à la crise dans son ensemble et aux difficultés du marché de l'automobile. Les constructeurs automobiles français produisent de moins en moins en France. Auparavant, les sites de sidérurgie en Lorraine fournissaient les usines du Nord, de l'Est et de la région parisienne. Aujourd'hui le groupe fait un comparatif de chaque site et il veut privilégier les sites "sur l'eau", comme Dunkerque ou Fos-sur-Mer pour s'approvisionner en matière première. Les ajustements sur la capacité de production se font sur les sites à l'intérieur des terres. Mais à terme, personne n'est dupe, tout le monde sait que les productions européennes vont fermer. Pour l'instant il n'y a que Liège qui doit fermer, mais il est certain que d'autres vont fermer.

Dans cette compétition, ce qui domine, ce sont les coûts globaux des sites et le transport. Cela ne peut être compensé que si le site est à proximité des marchés finaux, ce qui était le cas avant dans l'Est. Ou si le site dispose d'une sécurité technologique. Comme à Hayange, tout à coté de Florange, où Tata Steel produit des rails pour train à grande vitesse, ce qui n'est développé que là-bas. Mais ce n'est pas le cas à Florange.

Est-ce que, finalement, on peut prédire la fin de la sidérurgie en France ?

Gilles Le Blanc : Non, il y aura toujours de la sidérurgie en France. Mais la question est : pour quel produit ? Les usines d'acier plat ont un gros volume de production, avec presque 5.000 personnes à Florange quand l'usine tournait à fond. Mais compte tenu des perspectives de croissance et de sa localisation géographique, leur survie à terme est très menacée. A coté de l'automobile, la sidérurgie au sens large comprend la production d'acier inoxydable, comme ce que fait Aperam, des tubes sans soudure de Vallourec, des aciers spéciaux à destination d'établissements de santé ou de l'aéronautique que produit AscoMetal. Ce sont des entreprises qui marchent bien, qui exportent même parfois. Elles sont rentables et augmentent leurs effectifs. Mais ce sont des usines qui ont des volumes bien moins importants que celles qui produisent pour l'automobile et emploient moins de monde. A Hayange, il y a 400 à 500 salariés.

En France, les sites de Fos et Dunkerque devraient rester. Mais le poids économique et symbolique de la fermeture de ces deux haut-fourneaux en Lorraine est important, parce qu'il s'agit des derniers haut-fourneaux en Lorraine. Il y a 40 ans, il y en avait 50 à 60. C'est un processus qui a commencé il y a 30 ans. Mais aujourd'hui il reste entre 25.000 et 40.000 emplois dans ce secteur en France. La question de la fin de la sidérurgie, je l'ai déjà entendue il y a 20 ans !

Par Jessica Dubois

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