Connectez-vous S'inscrire
Les 4 Temps du Management - Réinventer le Management
Un webzine pour explorer en profondeur les innovations managériales...

Les 4 Temps du Management




Actualités du Management

Psychanalyse et Management

Appel à contribution sur le thème de l'impact du numérique sur les organisations

Scène de la vie quotidienne dans les palais-mentaux
Les fêtes de Noël permettent de s’adonner au rite saturnal. C’est le moment de faire rédemption en expiant ses fautes, ses maux, ses souffrances accumulés tout au long de l’année. Leur expulsion permet de repartir d’un bon pied. A la nouvelle année, on se fait les vœux de bonne année, de bonne santé, de réussite… Ces moments sont toujours accompagnés de joyeuses licences, voire de bombances… pendant lesquelles tout est permis... dans la limite de… qui nous rappelle au principe de réalité. Il s’en suivra même le carnaval.Mais, comme le montre l’histoire antique, le rite saturnal célébré lors des « Saturnales » autorise le renversement de l’ordre logique des rapports sociaux. C’est le moment où l’esclave célèbre sa petite victoire sur le maître… et le rappelle au principe de réalité. Flavius Macrobius Ambrosius Theodosius montre dans son œuvre « Les Saturnales » comment les convives devises… au final, seules les âmes des hommes justes montent au ciel et connaissent la béatitude. D’abord libertas decembris (fêtes de la liberté), le rite deviendra celui de la fête des fous célébrée également le 25 décembre, et quelque siècle plus tard de la fête de l’âne qui fît une place à l’obscénité.
 
saturnal.jpg On y remarquera toute l’importance du symbolique, permettant de réparer tout ce qui vient abîmer la qualité des relations sociales, de manière honorable, sans jamais faire pénitence. Chacun, c’est-à-dire la masse de nous tous, continuera ainsi de vivre sincèrement dans la règle de la Saturnale, se faisant tour à tour laudateur et contempteur. Canetti (1960) y verra la figure de la relation de pouvoir. La régulation quotidienne de nos relations sociales se trouve ainsi rythmée par la règle de l’inversion saturnale. Elle caractérise l’énantiosémie de la relation sociale, et consécutivement de son statut ; c’est son invariant opératoire. L’inversion saturnale permet de célébrer un statut de laudateur, obtenir les faveurs de celui qui se trouve ainsi célébré en tant qu’est désigné un autre comme contempteur. Cela ne fonctionne pas toujours, si dans l’échange laudatif, l’un des laudateurs loués rappelle le principe de réalité au laudateur submissif ou servile qui se loue sans jamais dire qu’il s’agit pour lui d’obtenir les faveurs d’un autre prince, et lui signifie qu’il ne doit ainsi pas s’autoriser à.... Jusque-là, le rituel de l’inversion reste honorable. Il s’empressera néanmoins de faire savoir au contempteur qu’il se sait médit ; à bon ou mauvais escient, mais peu importe, cela n’a aucune importance puisque chacun se trouve de toute façon être l’objet de l’autre. Il faut seulement rappeler la règle ; servir loyalement, et s’en tenir là, sinon… Il ne se laisse pas prendre au jeu de l’entre-je, de se faire à son tour contempteur. Le psychanalyste le sait, le rappel du principe de réalité introduit là, la censure, la mort. Par de-là le symbolique, le risque est de générer une situation anomique. La subversion, la transgression ne sont permises que dans la limite de servir la position de l’autre. Il s’agit de vérifier que se construit bien le triangle de la réciprocité, qui est aussi celui du bien-être, que le sens ne soit pas ainsi mis sens dessus-dessous ; çà parle donc où çà menace. Au de-là de ce signifiant, qui fait consentir à une certaine servitude, c’est le règne du vice. A la manière des rites initiatiques, religieux ou païens, on y retrouve l’essence des rapports entre maîtres et domestiques. L’incorporation de la mort permet de ressourcer la relation vertueuse, qui en son principe requiert un état de conscience plus grand. C’est un rappel aux règles de courtoisie. Mais, il reste que pour chacun, il faut parvenir à des faveurs pour accomplir son œuvre. A. Guevara s’y consacra en célébrant l’œuvre de Marc Aurèle. Dans Réveil-matin des courtisans(1539), il y voyait le règne de la dispute entre soi des faveurs du prince qui va ainsi les corrompre par ses faveurs. La scène se prête aussi au marivaudage ; on se dira qu’on s’aime. C’est que l’amour est pudique. Il faut le guetter pour qu’il se montre. A l’instar du rite saturnal, il permet de se raccrocher à un monde possible.
 
Daniel Bonnet
Président de l'I.P&M
 

1 ... « 83 84 85 86 87 88 89 » ... 627